En ce premier Noël dans une Syrie aux mains des islamistes, l’ambiance est teintée d’incertitude pour les chrétiens du pays. Si les fidèles se sont réunis nombreux pour célébrer dans les églises, comme à la cathédrale Saint-Georges de Damas, beaucoup expriment leurs craintes pour l’avenir de leur communauté. Après des années de guerre, la vigilance reste de mise face à un pouvoir qui promet la coexistence, mais dont les actes suscitent parfois l’inquiétude.
Des Célébrations dans la Crainte
Malgré le contexte difficile, les chrétiens syriens ont tenu à se rassembler pour fêter Noël. Dans la cathédrale Saint-Georges à Damas, Sarah Latifa, une fidèle, témoigne :
Ce n’était pas évident de se réunir dans les circonstances actuelles et de prier dans la joie, mais grâce à Dieu, on l’a fait.
Pourtant, la peur n’est jamais loin. Le récent incendie d’un sapin de Noël dans une localité du centre, imputé à des jihadistes étrangers, a ravivé les tensions. Des centaines de chrétiens ont manifesté à Damas pour défendre leurs droits qu’ils estiment menacés.
Faire Face à un Avenir Incertain
D’après les estimations, la Syrie ne compterait plus que 200 000 à 300 000 chrétiens, contre environ un million avant le conflit. Le nouveau pouvoir issu de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), un groupe islamiste radical, se veut rassurant en affichant un discours modéré. Mais le doute persiste parmi les minorités.
Comme l’explique George, un manifestant :
Si on ne nous laisse pas vivre notre foi chrétienne dans notre pays, comme c’était le cas avant, alors on n’a plus notre place ici.
Garder Espoir Malgré Tout
Malgré les craintes, beaucoup veulent croire en des jours meilleurs. Sarah, à la cathédrale Saint-Georges, espère qu’en avançant «main dans la main», l’issue sera positive. Dans son premier sermon à Damas, le patriarche orthodoxe Jean X a appelé à une nouvelle constitution incluant toutes les composantes du pays.
La vie continue tant bien que mal. Les restaurants de Damas restent animés, même si la peur a réduit l’activité. Pour Emma Siouffi, une chrétienne de 42 ans, le plus important est que personne ne quitte le pays. Son seul souhait pour ces fêtes :
Que personne ne quitte le pays. Car personne n’aimerait devoir quitter son pays.
Entre peur et espérance, les chrétiens de Syrie vivent un Noël pas comme les autres, avec en toile de fond les incertitudes qui pèsent sur leur avenir dans un pays en pleine mutation. Leur désir de rester ancrés sur leur terre malgré les épreuves est un message d’espoir et de résilience qui nous interpelle tous.