En cette veille de Noël, l’ambiance est bien différente de l’effervescence habituelle dans la petite ville de Bethléem, lieu de naissance de Jésus Christ selon la tradition chrétienne. Pour la deuxième année consécutive, les célébrations sont assombries par la guerre qui fait rage dans la bande de Gaza, à seulement une dizaine de kilomètres de là.
Malgré ce contexte difficile, quelques centaines de fidèles courageux ont fait le déplacement pour se recueillir dans et autour de la célèbre église de la Nativité. Les autorités locales ont cependant décidé de « limiter » les festivités. Pas de grand sapin sur la place de la Mangeoire cette année, ni de décorations dans les rues. Un choix symbolique pour montrer au monde que « la Palestine souffre toujours de l’occupation israélienne et de l’injustice », explique Anton Salman, maire de Bethléem.
Le pape François ouvre l’Année Sainte malgré les tensions
Au Vatican, les célébrations de Noël sont marquées par un autre événement d’ampleur : le lancement par le pape François de l' »Année Sainte » 2025. Cet immense pèlerinage catholique, qui a lieu tous les 25 ans, devrait attirer plus de 30 millions de fidèles du monde entier dans la capitale italienne.
Lors de la messe de minuit, le souverain pontife argentin ne manquera sûrement pas d’évoquer les nombreux conflits qui déchirent la planète, en particulier au Proche-Orient. Il y a quelques jours, François avait vivement critiqué « la cruauté » des frappes israéliennes sur Gaza, suscitant l’indignation de la diplomatie de l’État hébreu.
Timides espoirs de cessez-le-feu à Gaza
Sur le terrain, la situation reste très tendue mais une petite lueur d’espoir est apparue à la veille de Noël. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué prudemment des « avancées » en vue d’un accord sur les otages aux mains du Hamas à Gaza. Leur libération est l’une des principales conditions posées par les autorités israéliennes pour conclure un cessez-le-feu durable, après les attaques sans précédent menées par le mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien en octobre 2023.
« Vous ne devez pas abandonner » : le message du Patriarche aux Gazaouis
À Bethléem, l’ambiance s’est quelque peu animée en début d’après-midi avec le traditionnel défilé des scouts. Certains brandissaient des pancartes appelant à « arrêter le génocide à Gaza maintenant ». La procession était menée par Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem, qui revenait tout juste de la bande de Gaza :
J’ai vu tout ce qui a été détruit, la pauvreté, le désastre. Mais j’ai aussi vu la vie, ils n’abandonnent pas. Vous ne devez donc pas abandonner non plus. Jamais. Nous appartenons à la lumière, pas aux ténèbres.
Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem
Dans son homélie prononcée en anglais, le chef de l’église catholique de Terre Sainte a exhorté les fidèles à garder espoir : « L’année prochaine, nous voulons voir le plus grand arbre de Noël jamais réalisé ! »
Les chrétiens inquiets pour leur avenir en Syrie
La situation des chrétiens d’Orient préoccupe aussi en cette période de Noël. En Syrie, où le président Bachar al-Assad a été renversé le 8 décembre, la minorité chrétienne redoute pour son avenir dans un pays désormais dominé par les islamistes sunnites. Malgré les tentatives de rassurer des nouvelles autorités, plusieurs manifestations ont eu lieu mardi dans des quartiers chrétiens de Damas, après l’incendie suspect d’un sapin de Noël.
Si on ne nous laisse pas vivre notre foi chrétienne dans notre pays, comme c’était le cas, alors on n’a plus notre place ici.
Georges, manifestant chrétien à Damas
Un Noël sous haute tension donc, qui illustre une nouvelle fois les immenses défis auxquels sont confrontées les communautés chrétiennes du Moyen-Orient, prises en étau dans les conflits et les bouleversements qui ne cessent de secouer la région. Entre guerres, exodes et persécutions, c’est leur survie même qui est aujourd’hui menacée dans leur berceau historique.
