En dépit d’une fronde conservatrice qui prend de l’ampleur, la nouvelle ministre française chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes a réaffirmé haut et fort sa volonté de faire de l’éducation sexuelle dans les écoles une « nécessité absolue ». Un message fort envoyé dès sa nomination au sein du nouveau gouvernement Bayrou.
Bien que l’éducation à la sexualité soit déjà obligatoire depuis 2001 dans les établissements scolaires français, à raison d’au moins trois séances annuelles, force est de constater que dans les faits, ces interventions ont rarement lieu. Une situation que la ministre compte bien changer, malgré les résistances.
Une éducation dès le plus jeune âge
Pour la nouvelle ministre, il est essentiel d’aborder ces sujets cruciaux au plus tôt dans la scolarité des enfants :
Dès la maternelle, on peut expliquer à nos tout petits-enfants que personne n’a le droit de toucher leur corps, que personne n’a le droit de leur faire du mal.
Au-delà de la prévention des violences, il s’agit aussi selon elle de promouvoir le respect de toutes les familles, qu’elles soient hétérosexuelles ou homoparentales. Une position progressiste qui risque de se heurter aux franges les plus conservatrices.
Faire évoluer la loi sur le viol et la prescription
Outre le volet éducatif, la ministre a aussi plaidé pour des avancées législatives majeures dans la lutte contre les violences sexuelles. Elle souhaite notamment :
- Faire évoluer la définition du viol dans le code pénal pour y intégrer la notion de consentement
- Changer les règles en matière de prescription judiciaire pour ces crimes
Des combats ambitieux pour lesquels elle devra convaincre sa majorité, dans un contexte politique tendu.
Un programme d’éducation affective et sexuelle retardé
Le lancement du premier programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Évars), initialement prévu pour septembre 2024, a été stoppé net par la chute du précédent gouvernement. La nouvelle ministre compte bien remettre ce chantier sur les rails pour une mise en œuvre dès la prochaine rentrée.
Elle a martelé sa détermination à avancer sur ces sujets, promettant d’en faire une « priorité » de son action, dans la lignée des combats féministes menés récemment pour briser le silence sur les violences sexuelles. Une référence appuyée au procès médiatique de Gisèle Pelicot, cette septuagénaire violée par une cinquantaine d’hommes avec la complicité de son mari.
La ministre de l’Égalité a donc posé des jalons forts, annonçant une politique volontariste en matière d’éducation à la sexualité et de lutte contre les violences sexuelles. Reste désormais à transformer ces promesses en actes, en mobilisant les acteurs éducatifs et en faisant adopter les réformes promises. Un défi de taille qui sera scruté de près par les associations féministes.