Un accord historique vient d’être annoncé en Syrie entre le nouveau pouvoir à Damas et l’ensemble des groupes armés qui contrôlent différentes zones du pays. Cet accord prévoit ni plus ni moins que la dissolution de toutes ces factions et leur intégration sous la tutelle du ministère syrien de la Défense. Une étape cruciale dans la reconstruction d’un pays morcelé par 13 années d’une guerre dévastatrice.
Ahmad al-Chareh, l’homme fort de Damas, impose sa loi aux groupes armés
C’est Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien, qui a réussi à obtenir cet accord lors d’une réunion avec les chefs des différents groupes armés. Celui qui a chassé Bachar al-Assad du pouvoir le 8 décembre dernier avec sa coalition menée par le puissant groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), semble bien décidé à reprendre le contrôle total du pays. Il avait d’ailleurs affirmé dimanche qu’il ne « permettrait absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État », y compris dans les zones tenues par les Forces démocratiques syriennes à dominante kurde dans le nord-est.
Selon des photos publiées par l’agence officielle Sana, Ahmad al-Chareh, de son vrai nom Abou Mohammad al-Jolani, était entouré lors de cette réunion des chefs de plusieurs factions armées importantes, mais sans représentants des forces kurdes. Le chef militaire de HTS avait confié la semaine dernière que la dissolution des factions, à commencer par la sienne, pour les fondre dans la future armée nationale serait « la prochaine étape » du processus.
Vers une réunification de la Syrie morcelée ?
Si cet accord se concrétise, il pourrait signifier un tournant majeur dans l’avenir de la Syrie. Après 13 ans d’une guerre qui a fait plus d’un demi-million de morts, le pays est aujourd’hui morcelé en différentes zones d’influence contrôlées par une myriade de groupes armés soutenus par des puissances régionales et internationales :
- Le régime de Damas qui contrôlait jusqu’ici la majorité du territoire
- HTS et les rebelles dans la région d’Idlib et certaines poches frontalières de la Turquie
- Les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes dans le nord-est
- La Turquie et ses supplétifs syriens dans le nord du pays
L’objectif affiché du nouveau pouvoir à Damas est clair : réunifier l’ensemble de ces territoires sous son autorité, en commençant par la dissolution et l’intégration des groupes armés. Un responsable de HTS a d’ailleurs affirmé vouloir étendre cette politique aux zones sous administration kurde dans le nord-est.
Un défi de taille pour la reconstruction du pays
Malgré cet accord, le chemin vers une Syrie réunifiée et pacifiée s’annonce encore long et semé d’embûches. Le nouveau pouvoir devra réussir l’intégration de milliers de combattants aux profils et aux ambitions diverses. Il devra aussi composer avec les intérêts des acteurs régionaux, en particulier la Turquie très présente dans le nord et hostile aux Kurdes des FDS.
La tâche la plus ardue sera surtout de reconstruire un pays en ruines, avec des villes entières dévastées, une économie exsangue et des millions de réfugiés et déplacés. Un défi de taille qui nécessitera une mobilisation de la communauté internationale et des moyens colossaux.
L’accord annoncé entre le nouveau pouvoir syrien et les groupes armés constitue indéniablement un premier pas important. Mais la route est encore longue pour tourner la page de 13 années de guerre meutrière et espérer un avenir pacifique pour la Syrie et son peuple martyrisé.