Tyr, joyau du sud du Liban, tente péniblement de panser ses plaies après des semaines de pilonnage par l’aviation israélienne. Dans les décombres des quartiers dévastés, l’amertume et l’incertitude règnent, notamment au sein de la minorité chrétienne qui s’interroge sur son avenir dans une ville meurtrie.
Des quartiers réduits en cendres
Les stigmates des bombardements sont omniprésents à Tyr. Les quartiers chiites, qui abritent la grande majorité de la population, ont été particulièrement ciblés. Des immeubles éventrés, des monceaux de gravats jonchant des rues désertées, tel est le paysage désolant qui s’offre aux yeux des rares visiteurs.
D’après une source proche des secours sur place, le bilan humain et matériel est très lourd. Des dizaines de civils auraient perdu la vie et des centaines de familles se retrouvent sans toit. Les infrastructures essentielles, comme les hôpitaux et les écoles, n’ont pas été épargnées.
Des souvenirs qui partent en fumée
C’est comme si toute une vie de souvenirs et de labeur était réduite en cendres sous nos yeux.
– Ahmad, habitant d’un quartier sinistré
Pour les habitants de ces quartiers, le choc est immense. Beaucoup ont tout perdu en quelques jours de bombardements intensifs. Une vie de labeur et de souvenirs envolée dans les flammes et la fumée.
Une aide insuffisante et des lendemains sombres
La reconstruction de Tyr s’annonce longue et semée d’embûches. Les moyens déployés par les autorités libanaises et les ONG semblent bien insuffisants face à l’ampleur des dégâts.
Abou Hassan, un notable local, déplore le manque de soutien :
Nous avons été abandonnés à notre triste sort. Sans une aide massive de la communauté internationale, Tyr mettra des années à se relever.
La communauté chrétienne sur le fil
Épargnée par les bombes, la minorité chrétienne de Tyr vit pourtant dans la peur et l’incertitude. Autrefois prospère et influente, cette communauté craint pour son avenir dans une ville où les équilibres confessionnels ont volé en éclats.
Entre soulagement et inquiétude
Si beaucoup se disent soulagés d’avoir été préservés, comme en témoigne ce commerçant chrétien du centre-ville, l’inquiétude est palpable :
Nous avons été miraculés cette fois-ci, mais pour combien de temps encore ? J’ai peur que ces violences ne présagent un avenir sombre pour les chrétiens de Tyr.
Le spectre d’un exode
Mgr Iskandar, archevêque maronite de la ville, redoute un nouvel exil des chrétiens, à l’image de ce qu’ont connu d’autres localités du Liban sud :
Beaucoup de jeunes envisagent de partir, ne voyant plus d’avenir ici. C’est tout un pan de la mosaïque libanaise qui risque de disparaître si rien n’est fait.
Face à la menace d’un départ massif, le prélat en appelle à la solidarité nationale et internationale pour préserver le fragile équilibre communautaire de sa ville.
Un cessez-le-feu précaire, un futur en sursis
Trois mois après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu négocié par la communauté internationale, le calme est revenu sur Tyr. Mais ce répit semble bien précaire aux yeux de beaucoup.
Une paix des braves
Hassan, un instituteur, résume le sentiment général :
Bien sûr, nous sommes soulagés que les armes se soient tues. Mais chacun sait que c’est une paix en trompe-l’œil. Les causes profondes du conflit n’ont pas été réglées.
Un avenir en pointillé
Faute de perspective politique claire et d’un véritable processus de réconciliation, Tyr, comme le reste du Liban, semble condamné à naviguer à vue, sous la menace permanente d’une nouvelle explosion de violence.
Un constat amer que résume Karim, un étudiant, en quelques mots :
Nous vivons un jour à la fois, sans savoir de quoi demain sera fait. C’est épuisant et déprimant, mais c’est devenu notre quotidien.
Tyr, cité millénaire autrefois florissante, se retrouve ainsi prisonnière d’un engrenage politique et militaire qui la dépasse, et dont elle pourrait à nouveau faire les frais à tout moment. Un symbole tragique des déchirures du Liban contemporain.