Gérald Darmanin, fraîchement nommé garde des Sceaux, a donné le ton dès son arrivée place Vendôme. Fini le temps de la mansuétude, l’heure est à la fermeté judiciaire. Une ligne directrice claire : sévérité et inflexibilité seront les maîtres-mots de son action à la tête de la Chancellerie. Le message est limpide, la Justice doit redevenir cet institution impressionnante qui fait trembler les criminels.
Une politique pénale musclée
D’entrée de jeu, le nouveau ministre a donné la couleur. Selon des proches du dossier, il entend adresser sous peu à tous les procureurs une directive de politique pénale des plus fermes. Au menu : tolérance zéro envers les violences faites aux personnes, le séparatisme islamiste, les mouvements extrémistes et surtout le trafic de drogue, « priorité absolue » de son action. Une approche musclée qui tranche avec celle, jugée par certains trop laxiste, de son prédécesseur.
La drogue pourrit tout, elle sera notre cible numéro 1
a martelé Gérald Darmanin lors de sa prise de fonction
Mais au-delà des effets d’annonce, c’est un véritable changement de paradigme qui s’annonce. L’ancien locataire de Beauvau entend insuffler un nouvel état d’esprit, plaçant la sévérité et la fermeté au cœur de l’appareil judiciaire. Une rupture assumée avec des années de politique pénale jugée trop timorée.
Concilier fermeté et indépendance des juges
Cette ligne dure ne manquera pas de faire grincer quelques dents chez les magistrats, très attachés à leur indépendance. Gérald Darmanin devra faire preuve de doigté pour imposer sa vision sans heurter la susceptibilité des juges. Un défi de taille quand on connaît la verticalité qui règne place Beauvau, bien différente des us et coutumes de la Chancellerie.
Selon des sources proches du ministère, le garde des Sceaux a conscience de ce risque. Tout l’enjeu sera de trouver le bon équilibre entre fermeté et respect du pouvoir judiciaire. Une équation complexe qui nécessitera des trésors de diplomatie et de pédagogie.
Des moyens à la hauteur des ambitions
Pour mener à bien cette révolution des mentalités, Gérald Darmanin sait qu’il devra mettre les moyens. Hors de question de faire de la figuration, le ministre veut des résultats concrets et rapides. Cela passera inévitablement par une hausse sensible du budget alloué à la Justice.
D’après nos informations, le garde des Sceaux a déjà évoqué le sujet avec Matignon et l’Élysée. Son objectif : obtenir une rallonge budgétaire conséquente dès le prochain projet de loi de finances. Une nécessité pour donner corps à ses ambitions et lancer un signal fort à l’institution judiciaire.
Un pari risqué mais nécessaire
En optant pour une politique de fermeté, Gérald Darmanin prend le risque de se mettre à dos une partie de la magistrature. Mais pour le ministre, c’est un pari nécessaire pour endiguer la montée de la violence et restaurer l’autorité de l’État. Un virage sécuritaire assumé qui répond, selon lui, à une attente forte des Français.
Les citoyens veulent une Justice qui les protège, qui punit les délinquants. C’est exactement ce que nous allons leur donner.
assure un proche du ministre
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits. Les prochains mois seront décisifs pour juger de la pertinence de ce tournant sécuritaire. Une chose est sûre, Gérald Darmanin joue gros sur ce dossier. En cas de succès, il pourrait s’imposer comme l’homme fort du quinquennat. Mais en cas d’échec, c’est toute sa crédibilité politique qui serait écornée.
Les projecteurs sont braqués sur la place Vendôme. L’avenir nous dira si Gérald Darmanin parviendra à incarner ce ministre de la Justice intransigeant que les Français appellent de leurs vœux. Un défi immense mais à la hauteur de cet animal politique hors norme. Le nouveau garde des Sceaux a une formidable carte à jouer, à lui d’avoir l’audace de la saisir.