Dans une déclaration surprise à Damas mardi, l’ONG Hostage Aid Worldwide a affirmé détenir des éléments indiquant que le journaliste américain Austin Tice, disparu depuis plus de 10 ans en Syrie, serait encore en vie. Une révélation qui relance l’espoir pour sa famille et soulève de nombreuses questions.
Austin Tice, un journaliste américain enlevé en 2012
Austin Tice, ancien Marine et étudiant en journalisme, se trouvait en reportage en Syrie en 2012 pour plusieurs médias (AFP, Washington Post, McClatchy…) lorsqu’il a disparu aux abords de Damas alors que le pays sombrait dans la guerre civile.
Les circonstances exactes de son enlèvement n’ont jamais été élucidées et aucune revendication n’a été faite. Les autorités syriennes ont toujours nié détenir le reporter américain, aujourd’hui âgé de 43 ans.
Une ONG affirme qu’il serait vivant
Selon Nizar Zakka, le président de l’ONG Hostage Aid Worldwide, son organisation disposerait « de données selon lesquelles Austin était en vie jusqu’en janvier 2024 ». Il a affirmé travailler en lien avec la famille et les autorités américaines pour le localiser.
« Nous sommes sûrs qu’il est en vie aujourd’hui », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse mardi à Damas.
Nizar Zakka, président de Hostage Aid Worldwide
Il a précisé avoir des informations identifiant plusieurs lieux où le journaliste aurait été détenu par le régime de Bachar al-Assad entre novembre 2017 et février 2024, avant le renversement de ce dernier il y a deux semaines par une coalition rebelle.
Un espoir pour sa famille
Depuis sa disparition, les proches d’Austin Tice n’ont eu de cesse de se mobiliser pour obtenir des informations sur son sort. Sa mère Debra a déclaré début avril détenir des éléments prouvant qu’il était vivant, sans toutefois donner de détails.
« Nous n’abandonnerons jamais tant que nous ne l’aurons pas ramené à la maison », avait-elle confié en août 2022 lors du 10e anniversaire de l’enlèvement.
Debra Tice, mère d’Austin Tice
Les déclarations de l’ONG redonnent un nouvel élan aux espoirs de la famille, même si la prudence reste de mise en l’absence d’éléments tangibles.
Que sait-on de son enlèvement ?
Très peu d’informations fiables ont filtré sur le sort d’Austin Tice depuis sa disparition le 14 août 2012. Il avait été vu pour la dernière fois à un checkpoint près de Damas.
- En septembre 2012, une vidéo de 47 secondes le montrant, les yeux bandés entre des hommes armés, avait été diffusée sur Internet, sans que son origine ne puisse être authentifiée.
- La seule certitude est qu’il était encore en vie en captivité environ 5 semaines après son enlèvement.
- Depuis, le silence et l’absence d’informations crédibles règnent autour de son cas malgré les efforts diplomatiques.
S’il est effectivement vivant comme l’affirme l’ONG, de nombreuses zones d’ombre persistent :
- Qui le détient depuis 10 ans et pour quelles raisons ?
- Pourquoi aucune revendication ou demande de rançon n’a été faite ?
- Quel est son état de santé actuel ?
- Le changement de régime à Damas va-t-il faire évoluer sa situation ?
Les révélations troublantes de l’ONG
Outre les informations sur Austin Tice, l’ONG Hostage Aid Worldwide a aussi affirmé que l’évêque syro-américain Yohanna Ibrahim, enlevé en 2013 à Alep, aurait été vu vivant dans une prison du régime en 2018.
« Yohanna Ibrahim est un citoyen américain. Il a été vu en 2018 dans la branche 291 », une prison de Damas.
Nizar Zakka, ex-otage lui-même détenu en Iran de 2015 à 2019.
Malgré ces révélations, le nouveau pouvoir syrien issu de la rébellion affirme rechercher activement le journaliste. Les proches d’Austin Tice espèrent que ces déclarations permettront d’accélérer les efforts pour le retrouver.
Dans cette zone de conflit qu’est la Syrie depuis plus de 10 ans, le sort des otages et disparus reste souvent incertain pendant de longues périodes. La discrétion est souvent de mise pour des raisons de sécurité et les informations au compte-gouttes.
Le cas Austin Tice en est l’illustration tragique. Sa famille s’accroche à l’espoir de le revoir vivant un jour malgré le peu d’éléments dont elle dispose. Les révélations de l’ONG ravivent cet espoir mais soulèvent aussi beaucoup d’interrogations.
La quête de vérité et de justice pour les proches des disparus en zone de guerre est souvent un long et douloureux combat face aux silences, aux non-dits et à l’absence cruelle d’informations tangibles.