C’est dans un contexte de vives tensions régionales que le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeshi Iwaya, se rendra ce mercredi à Pékin pour une rencontre au sommet avec son homologue chinois Wang Yi. Au cœur des discussions : les « défis et préoccupations » qui pèsent sur la relation bilatérale entre les deux puissances asiatiques, à en croire les déclarations du chef de la diplomatie nippone à la veille de ce déplacement crucial.
Une visite attendue sur fond de rivalités territoriales et militaires
Si la Chine et le Japon sont des partenaires commerciaux incontournables, leurs relations se sont considérablement dégradées ces dernières années, cristallisées par plusieurs pommes de discorde majeures. Au premier rang desquelles figurent les différends historiques liés à l’occupation brutale de certaines régions chinoises par l’armée japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, un passé douloureux que Pékin accuse régulièrement Tokyo de minimiser.
Mais c’est surtout l’intensification des rivalités territoriales en mer de Chine orientale et la hausse des dépenses militaires qui ont ravivé les tensions entre les deux géants asiatiques. « La situation sécuritaire dans la région devient de plus en plus grave », s’alarmait début décembre le ministre nippon de la Défense Gen Nakatani, en référence à la multiplication des manœuvres chinoises à proximité des côtes japonaises et autour de Taïwan.
Tokyo muscle son alliance avec Washington
Face à la montée en puissance de l’armée chinoise, le Japon a considérablement augmenté son budget de défense, avec l’objectif affiché d’atteindre 2% de son PIB d’ici 2027. Tokyo peut aussi compter sur le soutien indéfectible de son allié historique américain, qui stationne quelque 54 000 militaires sur le sol nippon.
Mais l’arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump, chantre de « l’Amérique d’abord », pourrait rebattre les cartes et inciter les Japonais à muscler encore davantage leur appareil militaire, au risque d’attiser les tensions avec Pékin. Le président élu, qui prendra ses fonctions en janvier, a en effet laissé entendre qu’il pourrait réduire l’engagement financier de Washington pour la sécurité de la région.
Des contentieux économiques persistants
Outre les enjeux sécuritaires, les relations sino-japonaises pâtissent également de profonds désaccords commerciaux. En août dernier, la Chine a ainsi suspendu ses importations de produits de la mer japonais, après la décision de Tokyo de rejeter dans l’océan Pacifique plus d’un million de tonnes d’eaux contaminées de la centrale accidentée de Fukushima.
Une mesure jugée « égoïste et irresponsable » par Pékin, qui affecte un secteur économique nippon déjà fragilisé. En guise d’apaisement, les autorités chinoises ont toutefois annoncé en septembre une reprise progressive des importations de fruits de mer japonais, un geste rappelé par la porte-parole de la diplomatie chinoise à la veille de la visite de M. Iwaya.
Apaiser les tensions, un défi majeur pour la diplomatie
Dans ce contexte inflammable, la rencontre au sommet de mercredi entre les chefs de la diplomatie chinoise et japonaise s’annonce comme un test majeur. « La Chine est prête à travailler avec le Japon, en mettant l’accent sur les intérêts communs, et à renforcer le dialogue et la communication », a sobrement déclaré Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Mais pour Takeshi Iwaya, les deux pays « portent une lourde responsabilité dans la paix et la stabilité » régionales. Un constat qui résonne comme un appel à l’apaisement des tensions, aussi nécessaire que délicat au regard des multiples pommes de discorde qui continuent d’empoisonner la relation bilatérale. La diplomatie parviendra-t-elle à relever ce défi de taille ? Réponse dans les prochains jours.