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Hong Kong offre des récompenses pour arrêter des militants démocrates

Hong Kong met à prix la tête de 6 militants démocrates en exil. Jusqu'à 125 000 € de récompense pour des informations menant à leur arrestation. Une pratique symbolique mais qui suscite l'indignation à l'international. Quel avenir pour Hong Kong sous la férule de Pékin ?

La chasse aux opposants s’intensifie à Hong Kong. Les autorités viennent d’offrir des récompenses pouvant atteindre un million de dollars hongkongais, soit près de 125 000 euros, pour toute information menant à l’arrestation de six militants pro-démocratie en exil. Une mesure coup de poing, la troisième du genre, prise en vertu des lois sur la sécurité nationale imposées par Pékin pour museler la dissidence dans l’ex-colonie britannique.

Cette pratique, jugée essentiellement symbolique, vise cinq personnes accusées d’« incitation à la sécession » et de « collusion » avec un pays étranger, ainsi qu’un YouTubeur de 69 ans, Victor Ho Leung-mau, inculpé pour « subversion ». Ce dernier a réagi avec défiance sur le réseau social X (ex-Twitter) :

En 2019, je n’avais pas peur des gaz lacrymogènes et des balles, et ce ne sont donc pas un mandat d’arrêt et une offre de récompense qui vont me faire reculer maintenant.

Victor Ho Leung-mau, YouTubeur inculpé

Une pratique condamnée par l’Occident

Ces mises à prix suscitent l’indignation des pays occidentaux, qui y voient une atteinte aux libertés fondamentales. Ils accusent Hong Kong et la Chine d’ingérence, ce que Pékin réfute en affirmant qu’« Hong Kong est une société régie par l’État de droit et personne ne dispose de privilèges extrajudiciaires », selon la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.

De son côté, l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a dénoncé des « actes lâches d’intimidation », appelant le Royaume-Uni et le Canada, terres d’accueil de nombreux opposants hongkongais, à réagir. Une demande pour l’instant restée lettre morte.

Répression tous azimuts

Depuis les manifestations pro-démocratie de 2019, violemment réprimées, Pékin a considérablement durci le ton et renforcé son emprise sur son territoire semi-autonome. La plupart des figures du mouvement ont été emprisonnées ou contraintes à l’exil. Des peines allant jusqu’à 10 ans de prison ont été prononcées à l’encontre de 45 militants en novembre dernier.

En parallèle, les autorités hongkongaises cherchent à entraver la liberté de mouvement des opposants en exil. Outre les mandats d’arrêt internationaux et les mises à prix, elles viennent d’annuler le passeport de sept militants, parmi lesquels les anciens élus Ted Hui et Dennis Kwok. Un moyen de plus pour les empêcher de se déplacer et de plaider leur cause à l’étranger.

Un avenir en suspens

Engagé sur la voie d’une reprise en main draconienne, le régime chinois semble déterminé à étouffer toute contestation à Hong Kong et à y imposer son modèle autoritaire. Face à cette dérive liberticide, la communauté internationale peine à faire entendre sa voix, n’allant guère au-delà des condamnations verbales.

La question de l’avenir de Hong Kong et des droits de ses citoyens reste plus que jamais en suspens. Les militants, qu’ils soient emprisonnés ou exilés, apparaissent bien isolés dans leur combat. Dans ce contexte, les mises à prix à leur encontre sonnent comme un signal inquiétant. Celui d’un pouvoir prêt à tout pour réduire ses opposants au silence et effacer toute trace du mouvement démocratique. L’issue de ce bras de fer déterminera le visage de Hong Kong pour les années à venir.

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