Un scandale retentissant de corruption éclate au Vietnam, alors que des hauts fonctionnaires comparaissent devant la justice pour avoir reçu des pots-de-vin liés à l’attribution de places sur les vols de rapatriement durant la pandémie de Covid-19. Cette affaire, qui implique des responsables de plusieurs ministères et du secteur du voyage, met en lumière un système de malversations à grande échelle au plus haut niveau de l’État.
Des pots-de-vin pour obtenir une place dans les avions
Selon l’accusation, au début de l’année 2020, alors que la pandémie de coronavirus faisait rage et que les frontières du Vietnam étaient fermées, certains responsables auraient profité de la situation pour s’enrichir personnellement. Ils auraient ainsi perçu ou versé des dessous-de-table afin de permettre à des personnes d’obtenir des sièges sur les rares vols de rapatriement vers le Vietnam.
À l’époque, seuls les ressortissants vietnamiens étaient autorisés à revenir au pays, mais ils devaient pour cela se plier à des procédures d’entrée sur le territoire extrêmement complexes et onéreuses : des vols au prix exorbitant et des frais de quarantaine très élevés. Une manne financière pour les fonctionnaires corrompus, qui auraient perçu des pots-de-vin pouvant atteindre plusieurs milliers de dollars par passager.
Un vaste réseau impliquant ministères et entreprises
Parmi les 17 personnes jugées pour corruption, abus de pouvoir et recel figurent des responsables du ministère des Transports et de plusieurs provinces, ainsi que des employés de compagnies de voyages. Selon une source proche du dossier, le montant total des sommes en jeu avoisinerait les 350 000 dollars.
Ce procès intervient dans le cadre d’une vaste campagne anti-corruption baptisée « brasier ardent », qui a mis au jour des scandales financiers d’ampleur au sein des plus hautes sphères du pouvoir vietnamien. Parti, police, armée, milieux d’affaires : tous semblent gangrenés par la corruption, malgré une image de stabilité appréciée des investisseurs étrangers.
J’ai dû verser jusqu’à 12 000 dollars pour faire revenir ma fille depuis son pensionnat en Europe. On n’avait pas le choix si on voulait la revoir.
Une mère de famille de Hanoï
Des peines de prison à perpétuité
D’après des révélations dans la presse, le montant total des pots-de-vin versés dans le cadre des rapatriements Covid atteindrait le chiffre vertigineux de 9,5 millions de dollars. Plus tôt cette année, 54 responsables et hommes d’affaires avaient déjà été condamnés pour des faits similaires.
Parmi eux, quatre anciens hauts responsables des ministères des Affaires étrangères, de la Santé et de la Sécurité publique ont écopé de la prison à vie. Mais la justice vietnamienne ne compte pas s’arrêter là. Des milliers d’autres personnes ont été traduites en justice pour fraude et corruption dans le cadre de cette campagne « mains propres ».
Le système de corruption ébranlé
Ces scandales ont choqué l’opinion publique et ébranlé un système politique habitué à des tractations occultes, loin de la transparence revendiquée. Ils ont mis en évidence les dérives d’une bureaucratie opaque où les passe-droits et les malversations semblaient monnaie courante.
Reste à savoir si ces procès seront suivis de véritables réformes pour assainir la gouvernance et restaurer la confiance des citoyens vietnamiens dans leurs institutions. Le gouvernement devra en tout cas redoubler d’efforts pour convaincre que son engagement contre la corruption ne se limite pas à des effets d’annonce.
Cette nouvelle affaire vient rappeler que même en temps de crise sanitaire mondiale, certains n’hésitent pas à profiter de la détresse de leurs concitoyens pour s’enrichir personnellement. Au Vietnam comme ailleurs, la lutte contre la corruption à haut niveau s’annonce longue et semée d’embûches.