Lundi, devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma, le réalisateur Michel Hazanavicius a balayé d’un revers de main l’idée d’une omerta sur le sujet. Le cinéaste, président de la prestigieuse école de cinéma la Fémis, s’est dit en désaccord avec “l’explication un peu systématique de l’omerta”, la jugeant “abusive et un petit peu fantasmée”.
Une “révolution majeure” en marche
Pour Michel Hazanavicius, le mouvement de libération de la parole est “une révolution absolument majeure” qui se déroule à un rythme satisfaisant. “Elle va à un rythme qui n’est pas du tout en train de traîner, mais en plus elle fait quasiment pas de faute, elle se fait quasiment sans violence et sans tête qui tombe”, a-t-il affirmé. Le réalisateur oscarisé pour The Artist a salué une révolution qui se fait de manière “très adulte, intelligente et remarquable”.
Le rythme des victimes avant tout
Cependant, Michel Hazanavicius a tenu à nuancer les critiques sur la lenteur des changements. Selon lui, “les choses vont au seul rythme qui est acceptable, qui est le rythme des victimes, de la parole des victimes”, dont il faut respecter la volonté de porter plainte ou non. Le rôle de la Fémis, dont il est président du conseil d’administration, est d’expliquer aux étudiants qu’ils ne seront “pas grillés dans le métier” s’ils rapportent des faits d’agression.
L’affaire Gérard Depardieu
Interrogé sur le choix initial de Gérard Depardieu, accusé de viols, pour son film d’animation La plus prestigieuse des marchandises avant de se séparer de l’acteur en 2023, Michel Hazanavicius a assumé ses contradictions. “J’ai effectivement fait le choix (en 2019) de faire appel à cet acteur avec qui je suis en désaccord sur beaucoup de choses, qu’elles soient politiques ou comportementales”, a-t-il expliqué, estimant que ce choix n’était pas immoral. En 2023, face au changement de situation de Depardieu, il a finalement décidé de se séparer de lui.
Un long chemin à parcourir
Si le réalisateur se réjouit des progrès récents, il est conscient que la route est encore longue pour faire évoluer les mentalités et les comportements dans le milieu du cinéma. Les révélations sur les violences sexuelles ont beau se multiplier, le travail de sensibilisation et de prévention doit se poursuivre pour créer un environnement sain et respectueux pour tous les professionnels du 7ème art.
La commission d’enquête parlementaire sur les violences sexuelles dans l’industrie cinématographique entend bien jouer son rôle pour faire la lumière sur ces dérives et proposer des solutions concrètes. D’autres personnalités sont attendues dans les semaines à venir pour livrer leur témoignage et nourrir la réflexion des députés sur ce sujet brûlant.