L’Équateur est sous le choc. La disparition de quatre adolescents le 8 décembre dernier à Guayaquil, suite à une opération militaire, a déclenché une vague d’indignation dans tout le pays. Face à la colère populaire, le président Daniel Noboa a ordonné l’intensification de toutes les actions nécessaires pour retrouver les jeunes garçons âgés de 11 à 15 ans.
Une disparition qui soulève de graves questions
Josué et Ismael Arroyo, Saul Arboleda et Steven Medina étaient partis jouer au foot ce jour-là, sans se douter du terrible sort qui les attendait. Selon des sources proches de l’enquête, les adolescents auraient été emmenés par des hommes en tenue militaire lors d’une mystérieuse opération. Un appel téléphonique au père des frères Arroyo a permis d’apprendre qu’ils avaient été «poursuivis, maltraités et jetés» par leurs ravisseurs. Depuis, plus aucune nouvelle.
Cette disparition forcée, dénoncée par plusieurs ONG de défense des droits humains, soulève de très graves questions sur les agissements des forces de l’ordre et les dérives sécuritaires dans le pays. Des manifestations sont prévues ce lundi pour exiger la vérité et des comptes aux autorités.
Le spectre de l’état d’urgence
En janvier dernier, le président Noboa avait déclaré l’état d’urgence national, déployant l’armée dans les rues pour lutter contre les gangs ultraviolents qui sévissent dans le pays. Une décision très controversée, pointée du doigt par de nombreuses organisations comme Human Rights Watch, qui ont mis en lumière de graves violations des droits humains commises dans ce contexte.
Considéré il y a peu comme un havre de paix entre les géants de la drogue colombien et péruvien, l’Équateur a vu la violence exploser ces dernières années sur fond de rivalités sanglantes entre bandes criminelles liées aux cartels mexicains et colombiens, qui cherchent à prendre le contrôle du pays.
Le Parlement convoque les autorités militaires
Face à la pression, le président équatorien s’est engagé à apporter «toute la collaboration nécessaire à la justice» et à respecter le «caractère technique de l’enquête du Parquet». Il sait que sa réélection en 2025 pourrait se jouer sur ce dossier brûlant.
Le Parlement, contrôlé par l’opposition, a d’ores et déjà convoqué le ministre de la Défense ainsi que plusieurs hauts gradés de l’armée pour les auditionner sur cette affaire dès lundi. Les députés exigent toute la lumière et menacent de lancer une procédure de destitution si des responsabilités au plus haut niveau étaient avérées dans ce drame.
Pendant ce temps, les familles des adolescents disparus continuent de vivre un véritable cauchemar, dans l’attente et l’angoisse. Elles ont lancé un vibrant appel à témoins et multiplient les actions pour que leurs enfants ne tombent pas dans l’oubli, exhortant les autorités à ne rien lâcher. Le temps presse, chaque heure qui passe réduit les chances de les retrouver vivants.
Cette tragédie met en lumière les défis immenses auxquels est confronté l’Équateur, gangrené par un niveau de violence inédit lié au narcotrafic. Elle pose aussi la question de la réponse sécuritaire apportée et de ses dérives, dans un pays encore marqué par un passé dictatorial. Entre colère, détresse et soif de vérité, le peuple équatorien retient son souffle et attend des réponses. La pression ne retombera pas tant que le sort de Josué, Ismael, Saul et Steven ne sera pas élucidé.