Alors que la montée de l’extrême droite en Roumanie inquiète de plus en plus, le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu a été reconduit à son poste ce lundi. Une décision saluée par le président Klaus Iohannis, qui évoque une « coalition pro-européenne capable de gérer le calendrier des futures élections ».
Un gouvernement de coalition affaibli face à l’extrême droite
Le nouveau gouvernement, qui devrait recevoir le vote de confiance du Parlement dans la journée, rassemble les sociaux-démocrates de Ciolacu, les libéraux de centre-droit et le parti hongrois ethnique UDMR. Ensemble, ils contrôlent environ 54% des sièges. Mais cette majorité apparaît fragile face à la progression fulgurante de l’extrême droite.
En effet, le parti d’extrême droite AUR a récolté pas moins de 18% des voix aux dernières législatives. Au total, le bloc nationaliste représente désormais 32% des électeurs, soit plus du triple de son score de 2020. Une ascension qui fait craindre le pire pour la démocratie roumaine.
Un coup de théâtre sans précédent
Cette reconduite de Marcel Ciolacu intervient après un coup de théâtre inédit : l’annulation du second tour de la présidentielle par la Cour constitutionnelle, à seulement deux jours du scrutin. Une décision prise sur fond de soupçons d’ingérences russes, avec un rôle « massif » de TikTok dans la campagne selon des documents déclassifiés.
Au premier tour, c’est le candidat nationaliste Calin Georgescu qui était arrivé en tête à la surprise générale, balayant les favoris des partis traditionnels. Cet ancien haut fonctionnaire ouvertement critique de l’UE et de l’OTAN avait alors crié au « coup d’État », estimant que la « démocratie était en danger ».
Une candidature unique pour contrer l’extrême droite
Pour tenter d’enrayer cette dynamique, les partis de la coalition au pouvoir ont décidé de s’unir derrière une candidature unique pour la présidentielle à venir. Leur choix s’est porté sur Crin Antonescu, un ancien président libéral du Sénat âgé de 65 ans.
Nous avons convenu que ce candidat serait Crin Antonescu.
a déclaré Ilie Bolojan, représentant des libéraux
Mais ce choix est loin de faire l’unanimité. Le porte-parole de l’AUR a dénoncé « un simulacre démocratique » et « un gouvernement illégitime », tandis que de nombreux Roumains s’interrogent sur la capacité de ce vétéran de la politique à incarner le renouveau face à la vague brune.
La Roumanie, prochain bastion de l’extrême droite en Europe ?
Au-delà de la Roumanie, c’est toute l’Europe qui observe avec inquiétude cette percée des nationalistes. Après la Hongrie de Viktor Orban et la Pologne de Mateusz Morawiecki, Bucarest pourrait bien devenir un nouveau bastion de l’extrémisme sur le Vieux Continent.
Une perspective qui alarme les capitales européennes, alors que la Roumanie occupe une position stratégique, aux portes de l’Ukraine en guerre et de la Russie. Plus que jamais, l’unité des 27 semble mise à l’épreuve par la poussée des populistes.
La reconduction de Marcel Ciolacu apparaît donc comme un répit de courte durée pour les pro-européens. La bataille pour l’avenir de la démocratie roumaine ne fait que commencer et son issue est plus incertaine que jamais. Un test grandeur nature pour l’Union européenne, qui doit plus que jamais serrer les rangs face aux vents mauvais venus de l’Est.
