L’incident qui s’est produit dans les profondeurs de la mer Baltique soulève autant de questions qu’il fait naître d’inquiétudes. Les 17 et 18 novembre derniers, deux câbles de télécommunications ont été mystérieusement coupés dans les eaux territoriales suédoises. Les soupçons se sont rapidement portés sur un cargo battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, repéré au-dessus de la zone au moment des faits selon des sites de suivi maritime.
Ce navire, immobilisé depuis le 19 novembre dans les eaux internationales du détroit de Kattegat, a finalement quitté la zone samedi. La Chine, par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Mao Ning, a confirmé lundi que « la société propriétaire du navire, après une évaluation complète et des consultations avec les parties concernées, a décidé de reprendre ses opérations ». Pékin a informé à l’avance les pays impliqués et entend « maintenir la communication et la coopération » pour « avancer dans le traitement de cet incident ».
Une enquête internationale pour faire la lumière
Avant son départ, le cargo a fait l’objet d’une inspection menée par la Chine et à laquelle ont été conviées jeudi les autorités suédoises, allemandes et finlandaises, accompagnées d’un observateur danois. D’après le chef de la diplomatie danoise Lars Lokke Rasmussen, une fois cette inspection achevée, le navire devait pouvoir « naviguer vers sa destination ».
La Suède avait sollicité fin novembre la coopération de la Chine pour cette enquête, tout en précisant, par la voix du Premier ministre Ulf Kristersson, qu’il n’y avait aucune « accusation » en cours à ce stade. L’origine de ce sabotage demeure à ce jour inexpliquée.
Des soupçons de sabotage dans un contexte tendu
Cet incident s’inscrit dans une série d’actions suspectes qui se sont multipliées dans le pourtour de la mer Baltique et de la mer du Nord depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Des responsables européens ont exprimé leurs soupçons quant à un acte de sabotage en lien avec le conflit, des accusations qualifiées d’« absurdes » par le Kremlin.
Ces actions, ciblant notamment les infrastructures énergétiques et de communication, s’inscrivent selon experts et politiques dans le contexte de la « guerre hybride » entre la Russie et les pays occidentaux. Cet espace stratégique, bordé par plusieurs membres de l’OTAN, est aussi une zone où Moscou dispose de points d’entrée.
Une série d’incidents préoccupants
- En septembre 2022, une série d’explosions sous-marines avait endommagé les gazoducs Nord Stream, transportant du gaz russe vers l’Europe. La cause de ces explosions reste à ce jour inexpliquée.
- Un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l’Estonie avait été mis hors service en octobre 2023 après avoir été endommagé par l’ancre d’un navire marchand chinois.
Face à ces événements troublants, la vigilance est de mise. Alors que les tensions géopolitiques s’exacerbent, la sécurité des infrastructures critiques, qu’elles soient énergétiques ou de télécommunications, est plus que jamais un enjeu crucial. L’enquête sur le sabotage des câbles en mer Baltique, menée dans un esprit de coopération internationale, devra apporter des réponses. Car dans ce climat d’incertitude, chaque incident alimente les soupçons et les spéculations les plus inquiétantes.