À peine une semaine après sa nomination à Matignon, François Bayrou s’active en coulisses pour former son gouvernement. Le centriste, qui s’est donné jusqu’à Noël pour présenter son équipe, multiplie les consultations avec le président Emmanuel Macron et les personnalités pressenties. Mais le défi s’annonce de taille pour le leader du MoDem, qui rêve d’un gouvernement d’ouverture.
Un casting encore incertain à quelques jours de Noël
Alors que l’échéance approche, l’incertitude plane toujours sur la composition du futur gouvernement Bayrou. Si quelques noms circulent, comme ceux de poids lourds des Républicains ou de personnalités de la société civile, rien n’est encore acté. Le Premier ministre prend son temps, désireux de constituer une équipe solide et représentative malgré un calendrier serré.
Une situation inconfortable pour les ministres démissionnaires, comme François-Noël Buffet, en charge des Outre-mer, qui confie ne pas encore avoir été contacté par François Bayrou. « Mon sort personnel n’a aucune espèce d’importance », balaie-t-il, appelant surtout à une « continuité de l’action publique » dans les territoires ultramarins.
Les Républicains posent leurs conditions
Du côté de la droite, la participation des Républicains au gouvernement Bayrou semble se préciser. Le parti présidé par Éric Ciotti devrait donner son feu vert, mais attend des engagements écrits du Premier ministre sur la feuille de route, notamment en matière de régalien et d’économie. « On ne rentre pas dans un gouvernement pour dire de rentrer dans un gouvernement, on y va parce qu’on discute sur le fond, parce qu’il y a un projet politique », résume François-Noël Buffet.
On ne peut pas renoncer à la censure, c’est le seul outil qu’on a pour protéger les Français qui nous ont fait confiance.
Thomas Ménagé, député RN
Le Rassemblement national maintient la pression
Fermement opposé à un gouvernement Bayrou, le Rassemblement national compte bien utiliser son droit de censure pour peser sur la future équipe. « On ne peut pas renoncer à la censure, c’est le seul outil qu’on a pour protéger les Français qui nous ont fait confiance », explique le député RN Thomas Ménagé. Marine Le Pen et ses troupes attendent de voir la composition et le programme du gouvernement avant de décider d’appuyer à nouveau sur le bouton.
La gauche pas convaincue malgré un geste sur les retraites
François Bayrou a tendu la main aux formations de gauche en se disant prêt à décaler la réforme des retraites, sans pour autant les convaincre de participer au gouvernement. Les socialistes préfèrent rester dans l’opposition, tandis que les écologistes réclament des avancées bien plus significatives sur le plan environnemental et social. Seul le Parti radical de gauche semble pour l’instant enclin à rejoindre la majorité.
Vers un gouvernement resserré faute d’union nationale ?
Face aux réticences des uns et aux exigences des autres, François Bayrou pourrait devoir revoir ses ambitions à la baisse. Selon des sources proches de Matignon, le Premier ministre s’orienterait désormais vers un gouvernement resserré autour des seuls partis prêts à le soutenir sans condition, à savoir le MoDem, Horizons et une partie des Républicains. De quoi fragiliser sa majorité à l’Assemblée et compliquer la mise en œuvre de son programme.
À quelques jours de Noël, François Bayrou joue son va-tout pour sortir de l’impasse politique. Réussira-t-il son pari en présentant un gouvernement à son image, ou devra-t-il se résoudre à des concessions ? Réponse dans les prochains jours, avec un probable dernier round de négociations ce week-end pour tenter de boucler enfin son casting.