Les Français retiennent leur souffle. Qui composera le nouveau gouvernement ? La réponse n’arrivera pas avant lundi soir au plus tôt, selon des sources proches de l’exécutif. Un timing chamboulé par la journée de deuil national décrétée à Mayotte, île dévastée par le cyclone Chido. Mais dans les coulisses de l’Élysée, l’effervescence est à son comble.
Un remaniement minutieusement orchestré
Nommé le 13 décembre dernier, le Premier ministre François Bayrou s’affaire aux derniers réglages de son équipe gouvernementale. Un travail de longue haleine, mené main dans la main avec le Président Emmanuel Macron, comme l’attestent leurs nombreux échanges téléphoniques tout au long du weekend. Les deux hommes se sont finalement retrouvés dimanche soir à l’Élysée pour un ultime round de négociations.
Car l’enjeu est de taille. Après la chute du gouvernement Barnier le 4 décembre, Emmanuel Macron joue gros avec ce sixième remaniement depuis 2017. Et pour cause : l’Assemblée nationale est plus fracturée que jamais, aucun bloc ne disposant de la majorité absolue. François Bayrou, vieux routier de la politique, aura fort à faire pour manœuvrer dans ce paysage parlementaire éclaté.
Un casting aux petits oignons
Alors, à quoi ressemblera ce nouveau gouvernement ? Si peu d’informations ont filtré, une chose est sûre : François Bayrou veut s’entourer de poids lourds. De gauche comme de droite, pour répondre aux urgences du pays. Parmi les noms qui circulent avec insistance : l’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, l’ex-ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, ou encore le maire de Pau, François Bayrou lui-même, qui entend cumuler les casquettes.
Cette durée de ce casting par rapport aux urgences du pays, aux crises que l’on traverse, c’est insupportable.
Jean-Philippe Tanguy, député RN
Mais ce casting à rallonge agace l’opposition. Jean-Philippe Tanguy, député RN, dénonce un « sketch » qui occulte les vrais enjeux du pays. Du côté de la gauche, le constat est le même. François Rebsamen, ancien ministre socialiste, s’est dit prêt à intégrer le gouvernement Bayrou. Mais le Parti socialiste, lui, a fermé la porte, déçu des propositions jugées insuffisantes, notamment sur la réforme des retraites.
Un socle gouvernemental finalement peu chamboulé ?
Au final, ce gouvernement Bayrou pourrait bien ressembler à s’y méprendre à celui de Michel Barnier. Seules certitudes : le maintien de Bruno Retailleau à l’Intérieur, gage donné à la droite sur le régalien, et la reconduction probable de Catherine Vautrin aux Territoires, Rachida Dati à la Culture et Sébastien Lecornu aux Armées.
Autant d’arbitrages supposés qui ne manqueront pas de faire grincer quelques dents, alors que François Bayrou avait promis du sang neuf pour incarner le « changement dans la continuité ». Verdict lundi soir, si le deuil national à Mayotte n’oblige pas l’exécutif à repousser encore ce remaniement à rallonge. Les Français, eux, attendent de voir si ce nouveau casting sera à même de répondre à leurs préoccupations quotidiennes.