Au cœur de la Pennsylvanie, loin du fracas des combats qui déchirent l’Ukraine, une usine tourne à plein régime pour alimenter l’effort de guerre de Kiev. Ici, à Scranton, ville natale du président Joe Biden, l’industrie de l’armement connaît un regain d’activité inattendu pour fournir à l’armée ukrainienne les munitions dont elle a cruellement besoin face à l’envahisseur russe.
Dans l’antre de l’usine, la cadence s’accélère
Ouverte pendant la guerre de Corée il y a plus de 70 ans, l’usine de munitions de Scranton avait connu des heures plus fastes. Mais avec le conflit ukrainien, ce fleuron local de l’industrie de l’armement américaine retrouve une seconde jeunesse. Les chaînes d’assemblage tournent à plein régime, les ouvriers s’affairant pour produire plus vite, toujours plus vite, les précieux obus d’artillerie de 155 mm.
« Nous sommes passés de 24 000 obus en avril dernier à 36 000 ce mois-ci », explique Richard Hansen, le directeur du site. Une montée en puissance rendue nécessaire par les besoins immenses de l’armée ukrainienne, qui consomme ces munitions à un rythme effréné pour tenir tête aux forces russes.
Un long processus de fabrication
De la forge à l’emballage, en passant par l’usinage, la trempe et la peinture, chaque obus suit un processus de fabrication complexe. Un savoir-faire unique, fruit de décennies d’expérience, que les ouvriers de Scranton perpétuent aujourd’hui avec fierté, conscients de l’importance stratégique de leur mission.
Chaque obus qui sort d’ici, c’est peut-être une vie sauvée là-bas, en Ukraine.
– Un ouvrier de l’usine
Une aide cruciale pour l’Ukraine
Car au-delà de la prouesse technique et industrielle, c’est bien d’un effort de guerre qu’il s’agit. Chaque caisse de munitions qui quitte l’usine pour traverser l’Atlantique est une contribution essentielle à la résistance ukrainienne, un soutien concret de l’Amérique à ce pays en lutte pour sa survie et sa liberté.
Une solidarité d’autant plus symbolique qu’elle s’incarne ici à Scranton, cité ouvrière de Pennsylvanie d’où est originaire le président Biden, lui-même fer de lance du soutien américain à l’Ukraine. Une mobilisation locale pour un conflit lointain, dont dépend peut-être l’avenir du monde.
La menace d’une pénurie
Pourtant, malgré les efforts des ouvriers de Scranton, le spectre d’une pénurie de munitions plane. Car les besoins sont immenses, et les stocks occidentaux ne sont pas infinis. D’où l’urgence de produire plus, toujours plus. Une course contre la montre et contre l’épuisement des ressources, pour ne pas laisser l’Ukraine à court de munitions face à l’ogre russe.
Alors, à Scranton comme ailleurs, la mobilisation se poursuit. Ouvriers, ingénieurs, dirigeants, tous sont engagés dans cette bataille de l’arrière, conscients que chaque obus compte. Un combat loin du front, mais dont l’issue pourrait bien peser lourd dans le destin de cette guerre. L’usine de Scranton, petite pièce d’un immense engrenage, au cœur de l’effort de guerre américain et occidental.