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Tensions et dissensions au sein d’EELV à Marseille

Alors que les municipales de 2026 se profilent, les écologistes marseillais s'entre-déchirent. Entre «procès stalinien», «putsch» et suspensions en série, les tensions sont à leur comble au sein d'EELV, tiraillé entre un rapprochement avec le maire Benoît Payan ou avec LFI. Décryptage d'une crise...

Dans les rangs d’Europe Écologie Les Verts (EELV) à Marseille, l’heure est à la discorde. À l’approche des élections municipales de 2026, le parti écologiste local se déchire sur la stratégie à adopter, écartelé entre un rapprochement avec le maire socialiste Benoît Payan ou avec la France Insoumise. Entre suspensions à répétition, accusations de « putsch » et procédures dignes d’un « procès stalinien », la crise couve et menace l’unité des Verts marseillais.

Suspension de l’adjoint Hervé Menchon : le détonateur

Tout a commencé fin décembre avec la suspension provisoire d’Hervé Menchon, adjoint écologiste au maire en charge de la mer. Son tort ? Avoir appelé à l’organisation d’un congrès extraordinaire régional, quelques semaines après une série d’évictions au sein du bureau exécutif d’EELV en PACA. Pour certains cadres du parti, cette initiative cacherait en réalité une tentative de « putsch » en vue de peser sur la stratégie à adopter pour les municipales.

Une version contestée par les partisans d’Hervé Menchon, qui dénoncent des « pratiques staliniennes » et un « procès » monté de toutes pièces pour faire taire les voix dissidentes. Dans ce climat délétère, les attaques personnelles fusent et les plaies s’exposent au grand jour, jetant une lumière crue sur les profondes divisions qui traversent les écologistes phocéens.

L’ombre des municipales de 2026

Car au cœur de ces querelles intestines se cachent les enjeux des prochaines élections locales. Faut-il réitérer l’alliance passée en 2020 avec les socialistes de Benoît Payan ? Ou au contraire prendre ses distances et se rapprocher de La France Insoumise, dans le sillage de l’union de la gauche aux législatives ? Deux options diamétralement opposées qui divisent les écologistes marseillais.

D’un côté, des figures comme Christine Juste, adjointe EELV, appellent à maintenir le partenariat avec Benoît Payan. Pour elle, le bilan de la majorité municipale plaide en faveur de la continuité. De l’autre, des cadres tels que Sébastien Barles, autre adjoint Vert, jugent cette alliance obsolète et militent pour un rapprochement avec les Insoumis, espérant surfer sur la dynamique de la NUPES.

Une crise révélatrice des fractures de la gauche

Au-delà des rivalités de personnes, ces tensions mettent en lumière les lignes de fractures qui parcourent la gauche marseillaise post-municipales. Malgré une victoire historique en 2020, la majorité plurielle réunissant socialistes, écologistes et insoumis peine à masquer ses divergences de fond. Entre une aile modérée incarnée par Benoît Payan et une frange radicale représentée par les amis de Jean-Luc Mélenchon, le fossé idéologique ne cesse de se creuser.

Pour les écologistes, pris en tenailles entre ces deux pôles, l’équation s’avère particulièrement complexe. Doivent-ils assumer leur ancrage à gauche quitte à se ranger derrière LFI, au risque de se couper d’un électorat centriste ? Ou maintenir un positionnement d’entre-deux, synonyme d’alliances à géométrie variable mais aussi d’ambiguïtés politiques ?

Un parti à la croisée des chemins

Plus qu’une simple lutte d’appareil, la crise qui secoue EELV Marseille révèle les défis stratégiques auxquels sont confrontés les écologistes à l’orée de ce nouveau mandat municipal. Après des années de croissance et une percée historique aux européennes de 2019, le parti semble arrivé à un tournant de son histoire.

Face à la concurrence de LFI, qui a su capter une partie de son électorat jeune et populaire, et au retour en grâce des socialistes depuis la présidentielle, les Verts peinent à faire entendre leur voix singulière. Les crispations autour de l’union de la gauche et de la NUPES ont mis en lumière ces contradictions, faisant voler en éclats le mythe d’un parti unifié et cohérent.

Alors que les échéances de 2026 se profilent déjà, les écologistes marseillais vont devoir trancher ces débats de fond et clarifier leur ligne politique. Un exercice d’autant plus périlleux que les divergences stratégiques se doublent souvent de conflits de personnes et de querelles d’ego. Mais de l’issu de ces débats dépendra en grande partie l’avenir électoral d’EELV dans la cité phocéenne. Une équation à plusieurs inconnues qui promet encore de belles turbulences dans les mois à venir.

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