ActualitésInternational

Mozambique plongé dans le chaos post-électoral, dernière menace pour le parti au pouvoir

Le Mozambique retient son souffle. Alors que le Conseil constitutionnel doit valider les résultats très contestés de l'élection présidentielle, l'opposant Venancio Mondlane promet le "chaos" si la victoire du parti au pouvoir est confirmée. Le pays africain s'enfonce dans une crise post-électorale sans précédent...

Loin des regards du monde, le Mozambique vit des heures sombres. Ce lundi, le pays d’Afrique australe retient son souffle dans l’attente de la validation par le Conseil constitutionnel des résultats très controversés de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier. Des résultats qui ont plongé le pays dans une crise politique majeure, la contestation dans la rue ayant déjà fait plus de 130 morts selon une ONG locale.

L’opposition promet le « chaos » en cas de confirmation des résultats

La tension est à son comble alors que l’opposant Venancio Mondlane, qui revendique la victoire, a promis de déclencher le « chaos » si le Conseil constitutionnel entérine les résultats donnant gagnant le candidat du parti au pouvoir, le Frelimo. Ce parti dirige le Mozambique d’une main de fer depuis l’indépendance du pays en 1975.

Malgré les nombreuses irrégularités relevées par les observateurs internationaux, la victoire de Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, ne fait guère de doute. « Le Conseil constitutionnel n’est pas politiquement indépendant », souligne un chercheur mozambicain. Si cette victoire est confirmée comme attendu, Venancio Mondlane appelle à un « nouveau soulèvement populaire d’une ampleur jamais vue ».

Un mouvement de contestation inédit

Depuis deux mois, le mouvement de protestation ne faiblit pas, bien au contraire. Une situation inédite dans ce pays parmi les plus pauvres au monde, où l’économie informelle oblige une grande partie de la population à vivre au jour le jour. « On disait que les mouvements de protestation au Mozambique ne pouvaient pas durer plus d’un mois », explique un analyste. « Ça n’a rien à voir avec ce que nous avions l’habitude d’observer. »

La détermination des manifestants doit beaucoup à la personnalité de Venancio Mondlane. Cet ancien commentateur politique, qui mobilise ses troupes via les réseaux sociaux, refuse tout compromis avec le pouvoir en place. Se disant victime de tentatives d’assassinat, il s’est réfugié à l’étranger mais promet de revenir pour prendre le pouvoir le 15 janvier, jour prévu de l’investiture du président élu.

« Le 15 janvier, on prendra le pouvoir à Maputo », a-t-il affirmé. « Si on doit perdre la vie dans un combat juste, on la perdra. »

Venancio Mondlane, opposant mozambicain

Au-delà de l’opposant, une colère profonde de la population

Mais la contestation dépasse désormais la seule figure de Venancio Mondlane. « Après un si long mouvement de contestation, cela va au-delà de ‘Venancio' », estime un analyste en risques politiques basé dans la capitale Maputo. « Les gens sont vraiment en colère. »

Beaucoup des 33 millions de Mozambicains, qui vivent dans un des pays les plus inégalitaires au monde, espéraient que ces élections permettraient de tourner la page du Frelimo, parti d’inspiration marxiste hérité de la guerre d’indépendance puis de la guerre civile achevée en 1990. Mais les résultats officiels, donnant 71% des voix au candidat du pouvoir contre seulement 20% à Venancio Mondlane, sont largement perçus comme truqués.

Un « printemps de l’Afrique australe » ?

Quoi qu’il arrive ce lundi, le Mozambique a déjà basculé dans une crise politique majeure dont l’issue apparaît très incertaine. Au-delà, le mouvement de contestation s’inscrit dans un contexte régional marqué par plusieurs revers électoraux de partis historiques de libération, en Afrique du Sud et au Botswana. Certains y voient les prémices d’un « printemps de l’Afrique australe ».

Une chose est sûre : le Mozambique vit un moment charnière de son histoire. Entre colère de la rue, détermination de l’opposition et crispation du pouvoir, le pays est au bord du gouffre. L’avenir dira si le « chaos » promis par Venancio Mondlane se concrétisera. Mais d’ores et déjà, l’ampleur de la contestation constitue un défi majeur et inédit pour la fragile démocratie mozambicaine.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.