Une vague de violence sans précédent a déferlé sur le Mexique ce samedi, faisant 17 victimes en l’espace d’une seule journée dans l’État de Guanajuato, tristement réputé pour être l’épicentre des affrontements sanglants entre cartels. Ce bilan macabre, qui comprend plusieurs assassinats multiples, met en lumière l’incapacité des autorités à endiguer la spirale meurtrière qui ravage le pays.
Guanajuato, l’État le plus meurtrier du Mexique
Situé au centre du pays, l’État de Guanajuato est depuis plusieurs années le théâtre d’une guerre sans merci entre deux organisations criminelles rivales : la mafia locale de Santa Rosa de Lima et le puissant cartel de Jalisco Nueva Generación. Au cœur de ce conflit, le contrôle des routes du narcotrafic, des vols de combustible et le lucratif marché de l’extorsion.
Cette lutte acharnée pour la domination territoriale et économique a fait de Guanajuato l’État le plus violent du Mexique. Rien que sur les 16 premiers jours de décembre, pas moins de 2 990 personnes y ont été assassinées selon les chiffres officiels. Un triste record qui ne cesse de s’alourdir au fil des années.
San Miguel de Allende, joyau touristique éclaboussé par les meurtres
Parmi les multiples faits divers sanglants qui ont endeuillé Guanajuato ce samedi, trois hommes ont été abattus lors d’obsèques dans la ville coloniale de San Miguel de Allende, haut lieu du tourisme prisé des retraités américains. Cinq autres personnes ont été blessées lors de cette attaque en pleine cérémonie funéraire.
La violence n’épargne plus aucun endroit, pas même les lieux sacrés lors des moments de recueillement. C’est le signe que les cartels ne respectent plus rien ni personne.
Un habitant de San Miguel de Allende
Exécutions de masses et règlements de comptes
D’après une source proche de l’enquête, les assassinats de ce samedi portent la marque des cartels :
- Quatre personnes, dont une femme, ont été exécutées à leur domicile à Irapuato par des hommes armés. Un mineur a aussi été blessé.
- Trois autres individus ont été abattus par des inconnus à la sortie d’un supermarché de Juventino Rosas.
- Des homicides isolés, probables règlements de comptes, ont eu lieu à Celaya, Salvatierra, Valle de Santiago, León et dans la capitale Guanajuato.
Si les autorités ont annoncé l’ouverture d’enquêtes, peu d’espoir subsiste de voir les coupables arrêtés et jugés. L’impunité règne dans cet État gangrené par la corruption et l’emprise des narcos.
Le lourd tribut payé par la société civile
Au-delà des chiffres glaçants, cette spirale de violence détruit le tissu social et économique de Guanajuato. La peur et la méfiance règnent, paralysant la vie de millions d’habitants pris en étau entre les cartels et des forces de l’ordre souvent impuissantes ou complices.
Les acteurs de la société civile paient un lourd tribut, à l’image de Ricardo Vega, un chef d’entreprise assassiné la semaine passée. Combien de vies fauchées, de destins brisés avant que l’État mexicain ne reprenne le contrôle ? C’est tout l’enjeu du mandat du gouvernement, qui semble pour l’heure bien démuni face aux narcos surarmés.
Un constat d’échec pour les autorités
Cette nouvelle journée noire est un cruel rappel de l’échec de la stratégie sécuritaire mise en place par les autorités mexicaines. Malgré les promesses de campagne, force est de constater que la violence continue de gangrener le pays, en particulier dans les États devenus de véritables zones de non-droit comme Guanajuato.
Face à ce constat, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer un changement de cap. Mais entre la puissance de feu des cartels, la corruption endémique et le manque de moyens, la tâche s’annonce titanesque. En attendant, ce sont les civils qui continuent de payer le prix fort de cette guerre sans fin.
Le Mexique pourra-t-il un jour sortir de ce cycle infernal et offrir à ses citoyens la paix et la sécurité auxquelles ils aspirent ? C’est tout l’enjeu des prochaines années, qui s’annoncent déjà sous le signe de la violence et des larmes. Une chose est sûre : chaque journée comme ce sinistre samedi est un pas de plus vers l’abîme.