Dans les conflits contemporains, asymétriques ou non, la guerre de l’information a pris une importance considérable. La généralisation des smartphones équipés de caméras et la viralité instantanée permise par les réseaux sociaux font qu’aujourd’hui, les grandes batailles ne se déroulent plus à huis clos, loin des regards. C’est une réalité qu’Israël vient d’apprendre à ses dépens.
Des images choquantes révélatrices
Le dimanche 26 mai 2024, une vidéo montrant des tentes prenant feu dans un camp de réfugiés palestiniens à Rafah, après un bombardement israélien, a fait le tour du monde en quelques minutes. Ces images ont profondément choqué les opinions publiques internationales et ont définitivement acté la défaite de l’État hébreu dans la guerre de l’information.
Au Vietnam, les reportages envoyés par les correspondants de guerre ont fini par retourner l’opinion publique américaine contre cette guerre initialement populaire.
– Renaud Girard, chroniqueur international au Figaro
L’impact décisif des réseaux sociaux
Si la guerre du Vietnam a été le premier conflit emblématique du rôle crucial de l’information, les réseaux sociaux ont donné une toute nouvelle dimension à cet enjeu. Aujourd’hui, nul besoin d’attendre des semaines pour que les atrocités soient révélées : quelques clics suffisent pour déclencher une vague d’émotion planétaire.
Malgré une puissance de frappe militaire écrasante, Israël semble impuissant face à la force des images. Sa communication, pourtant rodée, peine à justifier ces « dommages collatéraux » auprès d’une communauté internationale de plus en plus critique.
Une intransigeance à double tranchant
La ligne dure adoptée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou ces derniers mois semble se retourner contre lui. Si elle satisfait une partie de son électorat, elle passe très mal à l’international, surtout quand les conséquences se donnent à voir de façon aussi crue.
- Netanyahou avait déjà qualifié Yitzhak Rabin de « traître » pour avoir signé les accords d’Oslo en 1993.
- Aujourd’hui, son intransigeance semble conduire Israël dans une impasse.
Regagner « les cœurs et les esprits »
Pour espérer inverser la tendance, Israël va devoir revoir en profondeur sa stratégie de communication. Plutôt que de s’arc-bouter sur des arguments sécuritaires de moins en moins audibles, l’État hébreu doit chercher à reconquérir « les cœurs et les esprits », pour reprendre une expression chère aux stratèges militaires.
Cela passera nécessairement par des gestes d’apaisement concrets envers les Palestiniens. Car dans la guerre de l’information comme sur le terrain, seule une approche plus équilibrée et humaine semble à même de sortir ce conflit de l’ornière. Israël en a-t-il conscience ? L’avenir nous le dira.
