Derrière les portes de pensionnats pour enfants amérindiens aux États-Unis se cache une tragédie longtemps passée sous silence. Arrachés à leur famille dans le but d’être assimilés de force à la culture dominante, au moins 3104 enfants y ont perdu la vie selon une enquête choc du Washington Post. Un bilan trois fois plus élevé que les estimations officielles, qui jette une lumière crue sur ce sombre chapitre de l’histoire américaine.
Entre 1828 et 1970, des générations d’enfants amérindiens ont été envoyés de force dans ces établissements, dont certains gérés par des congrégations religieuses. Loin de leur tribu et de leurs proches, beaucoup y ont subi des violences physiques, psychologiques et sexuelles. Un récent rapport gouvernemental estimait à 973 le nombre d’élèves décédés dans ces conditions. Mais après un an d’enquête, le Washington Post affirme que le bilan réel serait bien plus lourd.
Plus de 800 Enfants Enterrés dans des Cimetières d’Écoles
Selon les documents épluchés par le quotidien américain, les causes de décès comprenaient notamment des maladies infectieuses, de la malnutrition et des accidents. Mais des dizaines d’élèves seraient morts dans des circonstances suspectes, avec des indications d’abus ou de mauvais traitements ayant probablement entraîné leur mort. Le Washington Post a également découvert que plus de 800 de ces enfants ont été inhumés dans des cimetières situés dans ou à proximité des écoles où ils étaient scolarisés. Dans de nombreux cas, leurs corps n’ont jamais été rendus à leur famille ou à leur tribu.
« Des Camps de Prisonniers » selon une Responsable Amérindienne
Pour Judi Gaiashkibos, directrice de la commission du Nebraska consacrée aux Amérindiens et dont les proches avaient été envoyés dans ces établissements, il ne s’agissait pas d’écoles mais de « camps de prisonniers, de camps de travail ». Fin octobre, le président Joe Biden avait présenté ses excuses aux peuples amérindiens, qualifiant ces atrocités de « péché qui entache notre âme ». Son gouvernement a depuis mis en place plusieurs mesures pour soutenir les nations amérindiennes et améliorer leurs relations avec l’État fédéral.
Des Réserves Marquées par la Pauvreté et les Addictions
Aujourd’hui, les réserves administrées par les Amérindiens restent en majorité très pauvres, avec des taux de suicide et d’overdose particulièrement élevés. Un héritage douloureux qui trouve en partie ses racines dans le traumatisme des pensionnats. Le Canada voisin, qui a connu le même système, a également commencé à faire face à cette sombre page de son histoire ces dernières années.
Le bilan pourrait être en réalité bien plus lourd selon les historiens.
– D’après le Washington Post
Face à l’ampleur de cette tragédie trop longtemps occultée, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer toute la lumière sur ces sombres heures et une juste reconnaissance des souffrances endurées par les peuples autochtones. Car derrière les chiffres glaçants se cachent des milliers de destins brisés et de familles à jamais meurtries.
Principales Révélations de l’Enquête
- Au moins 3104 enfants amérindiens sont morts dans des pensionnats entre 1828 et 1970
- Un bilan 3 fois supérieur aux estimations officielles
- Plus de 800 enfants enterrés dans des cimetières d’écoles, loin de leurs familles
- Des décès dus à des maladies, de la malnutrition mais aussi des abus et mauvais traitements
- Des pensionnats qualifiés de « camps de prisonniers » par une responsable amérindienne
Cette enquête choc met en lumière l’un des chapitres les plus sombres et tragiques de l’histoire des États-Unis. Elle appelle à une prise de conscience collective sur le sort réservé aux peuples autochtones et les séquelles durables de cette politique d’assimilation forcée. Un devoir de mémoire et de réparation qui s’annonce long et douloureux, mais plus que jamais nécessaire.