Le paysage politique syrien connaît un bouleversement majeur. Lors d’une conférence de presse à Damas en présence du chef de la diplomatie turque, le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a annoncé une mesure d’envergure : le placement de toutes les armes du pays sous le contrôle de l’État. Une décision qui marque un tournant dans le processus de stabilisation de la Syrie après des années de conflit.
Vers une dissolution des factions armées
Selon les déclarations de M. Chareh, qui dirige la coalition ayant renversé Bachar al-Assad début décembre, cette unification des armes ira de pair avec une restructuration militaire. Les différentes factions armées, y compris celles issues des rangs révolutionnaires et les Forces démocratiques syriennes à dominante kurde, seront appelées à se dissoudre pour intégrer l’armée régulière.
Le nouveau pouvoir affirme ainsi sa volonté de restaurer le monopole de la force armée à l’État, une étape jugée indispensable pour ramener la stabilité et la sécurité sur l’ensemble du territoire syrien. M. Chareh a insisté sur la nécessité de protéger toutes les confessions et minorités, en les préservant des ingérences extérieures qui chercheraient à attiser les tensions communautaires.
Le soutien de la Turquie, un atout précieux
La présence du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan aux côtés de M. Chareh témoigne du soutien apporté par Ankara au nouveau régime syrien. Un appui qui s’avère crucial dans ce contexte de transition. M. Fidan a d’ailleurs plaidé pour une levée rapide des sanctions internationales qui pèsent sur la Syrie, afin de faciliter la reconstruction du pays et le retour des populations déplacées.
Le chef de la diplomatie turque a également envoyé un message clair à l’administration américaine. Estimant que le soutien apporté par Washington aux combattants kurdes syriens – considérés par Ankara comme une extension du PKK – allait à l’encontre des intérêts sécuritaires de la Turquie, il a appelé le président élu Donald Trump à revoir ses alliances dans la région.
Un processus semé d’embûches
Si l’annonce de M. Chareh constitue indéniablement une avancée, le chemin vers une Syrie pacifiée et réunifiée s’annonce encore long et parsemé d’obstacles. La dissolution effective des factions armées et leur intégration dans une armée nationale restructurée représentent un défi de taille, qui testera la détermination du nouveau pouvoir et sa capacité à imposer son autorité.
Les ingérences étrangères, les rivalités géopolitiques et la question kurde continueront probablement de peser sur le processus de transition. Comme l’a souligné M. Fidan, la « victoire » face au régime de Bachar al-Assad appartient au peuple syrien. Il reste à prouver que cette victoire pourra se traduire par l’émergence d’une Syrie stable, unie et démocratique, après des années de guerre et de divisions.
Alors que le pays entame ce nouveau chapitre de son histoire, la communauté internationale aura un rôle essentiel à jouer. Au-delà de la levée des sanctions, un soutien politique et une aide à la reconstruction seront nécessaires pour accompagner la Syrie sur le chemin de la paix et de la réconciliation nationale. Un chemin qui s’annonce semé d’embûches, mais porteur d’espoir pour l’avenir de ce pays meurtri.