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Syrie: Trump Comprend Que Les USA Doivent Soutenir La Turquie

Le ministre turc des Affaires étrangères affirme que le futur président américain Trump comprend la nécessité pour Washington de soutenir la Turquie plutôt que les combattants kurdes dans le conflit syrien. Mais qu'en est-il réellement de la position de la nouvelle administration sur ce dossier complexe ?

Lors d’une visite surprise à Damas ce dimanche, le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan a déclaré que le président élu américain Donald Trump « comprend » que les États-Unis devraient soutenir la Turquie plutôt que les combattants kurdes en Syrie. Des propos qui soulèvent de nombreuses questions sur la future politique étrangère américaine dans la région.

La Turquie veut convaincre Trump d’abandonner les Kurdes

Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad début décembre, la Turquie mène une offensive contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie. Ankara considère en effet les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), son ennemi juré.

Mais pour les États-Unis, les FDS à dominante kurde restent « essentielles » pour empêcher une résurgence du groupe État islamique en Syrie, comme l’a récemment rappelé le secrétaire d’État Antony Blinken. Les Américains maintiennent d’ailleurs toujours environ 2000 soldats dans le nord syrien pour lutter contre les jihadistes aux côtés de la coalition internationale.

Dans ce contexte, la Turquie espère convaincre le futur président Trump de retirer ces troupes. Selon Hakan Fidan, Trump « constate que l’Amérique n’a pas besoin d’être là » une fois le problème des détenus de l’EI réglé. Le ministre turc pense que Trump « abordera ce problème différemment » lors de son mandat, « avec une volonté plus déterminée » et « en donnant la priorité aux seuls intérêts américains ».

Quel impact pour les Kurdes et la stabilité régionale ?

Si les déclarations turques se confirment, un revirement de Washington en faveur d’Ankara au détriment des FDS pourrait avoir de lourdes conséquences pour les Kurdes syriens. Privés du soutien américain, ils se retrouveraient très vulnérables face à l’offensive turque.

Un tel scénario risquerait aussi de déstabiliser davantage le nord de la Syrie. Les FDS contrôlent en effet de larges portions de territoires conquis sur l’EI. Leur affaiblissement pourrait créer un vide sécuritaire propice à une résurgence des jihadistes.

Il faut rappeler que malgré sa défaite, l’EI conserve des cellules dormantes en Syrie, prêtes à frapper. La menace est donc toujours présente, comme en témoignent les attentats encore régulièrement perpétrés.

Une équation complexe pour la diplomatie américaine

Trouver le bon équilibre entre les intérêts contradictoires de ses alliés kurdes et turc en Syrie sera un défi de taille pour la future administration Biden. D’un côté, lâcher les FDS serait vu comme une trahison par les Kurdes et risquerait de nuire durablement à la crédibilité américaine. Mais de l’autre, ne pas donner de gages à Ankara pourrait encore tendre les relations avec cet allié-clé de l’OTAN, déjà très dégradées ces dernières années.

Trump devra aussi composer avec le puissant lobby kurde aux États-Unis et une partie du Congrès attachée au soutien des FDS. Beaucoup à Washington considèrent en effet qu’on ne peut pas abandonner ces combattants qui ont tant donné dans la lutte contre l’EI.

Le futur président se retrouve donc face à une équation des plus complexes, entre impératifs sécuritaires, pressions des alliés et enjeux de politique intérieure. Sa gestion de ce dossier sera scrutée de près, tant les répercussions pour la stabilité régionale pourraient être importantes.

Vers une clarification de la position américaine ?

Pour l’instant, difficile de prédire avec certitude les intentions réelles de Trump. Sa politique étrangère a souvent été imprévisible, guidée par son instinct plus que par une stratégie clairement établie.

Ses propos de campagne, promettant un désengagement d’une partie des théâtres d’opérations extérieurs, pourraient laisser penser qu’un retrait de Syrie est envisageable. Mais certains dans son entourage plaident pour le maintien d’une présence militaire afin de contrer l’influence de la Russie et de l’Iran, grands rivaux des États-Unis dans la région.

Il est probable que les premières semaines du mandat de Trump soient l’occasion d’une clarification de la position américaine. Entre analyse approfondie des intérêts en jeu, nécessaires tractations diplomatiques avec les différents acteurs et appréciation des rapports de force sur le terrain, il aura fort à faire pour définir une ligne claire.

Une chose est sûre : le sort des Kurdes, et l’avenir d’une partie de la Syrie, dépendront en grande partie du choix que fera Washington. Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’évolution du conflit syrien et de ses multiples ramifications régionales.

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