Alors que la Syrie entre dans une nouvelle ère après la chute du régime de Bachar al-Assad, son nouveau dirigeant Ahmad al-Chareh a fait une annonce forte ce dimanche : toutes les armes du pays seront désormais placées sous le contrôle de l’État. Une mesure symbolique pour tourner la page d’une décennie de guerre civile sanglante.
Démantèlement des factions armées
Ahmad al-Chareh, chef du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui a renversé Assad début décembre, a indiqué lors d’une conférence de presse à Damas que les « factions armées allaient commencer à annoncer leur dissolution » pour intégrer l’armée régulière, après des consultations sur une nouvelle structure militaire. Un premier pas vers la réunification d’un pays morcelé :
Nous ne permettrons absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État, qu’elles proviennent des factions révolutionnaires ou des factions kurdes.
Ahmad al-Chareh, nouveau dirigeant syrien
Le leader de HTS a aussi promis de « protéger les confessions et les minorités contre tout conflit » et « les acteurs extérieurs qui tentent de provoquer une discorde sectaire », affirmant que la Syrie était désormais « un pays pour tous ».
La Turquie en soutien
Cette annonce est intervenue lors de la visite à Damas du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan, dont le pays soutient le nouveau pouvoir en place. Il a appelé à ce que « les sanctions contre la Syrie soient levées dès que possible afin que les services puissent être fournis » :
La communauté internationale doit être totalement mobilisée pour que la Syrie se remette sur pied et que les personnes déplacées retournent dans leur pays.
Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères
Ankara espère que le président américain élu Donald Trump « comprendra » qu’il est dans l’intérêt des États-Unis de cesser de soutenir les milices kurdes en Syrie, considérées comme « terroristes » par la Turquie. Les Kurdes contrôlent toujours une partie du nord-est du pays.
Vers une transition délicate
Si la chute de Bachar al-Assad après plus de 20 ans de règne sans partage a suscité l’espoir d’un renouveau démocratique, la transition s’annonce semée d’embûches pour la Syrie :
- Réintégration des nombreuses milices armées dans les forces régulières
- Retour des millions de réfugiés et déplacés
- Reconstruction d’un pays dévasté
- Réconciliation entre les différentes communautés
- Rétablissement des relations diplomatiques et commerciales
Les prochains mois seront décisifs pour voir si le nouveau pouvoir, issu des rangs de la rébellion islamiste, saura poser les bases d’une Syrie unie et apaisée. La communauté internationale aura aussi un rôle clé à jouer pour accompagner ce processus, au-delà des intérêts géostratégiques divergents.
Une nouvelle page s’ouvre pour la Syrie avec de nombreux défis à relever, mais aussi l’opportunité historique de tourner le dos à la violence et à la dictature. L’avenir dira si ce pari sera tenu.