La Serbie est sous le choc. Depuis l’effondrement tragique du toit d’une gare ferroviaire à Novi Sad le mois dernier, qui a coûté la vie à 15 personnes, le pays est secoué par une vague de manifestations sans précédent. Ce dimanche, des milliers de Serbes en colère ont envahi les rues de la capitale Belgrade pour crier leur ras-le-bol et exiger des comptes au gouvernement.
Depuis plus de sept semaines, le drame de Novi Sad a mis le feu aux poudres. De nombreux protestataires accusent les autorités de corruption et de manque de contrôle, pointant du doigt leur responsabilité dans cette catastrophe qui a endeuillé le pays. Face à la pression de la rue, le gouvernement serbe est sur la sellette.
15 minutes de silence en hommage aux victimes
Le rassemblement monstre organisé ce dimanche dans la capitale par des étudiants a débuté dans le recueillement. Une foule immense s’est réunie sur la place Slavija, bloquant une grande partie du centre-ville. Les manifestants ont observé 15 minutes de silence poignantes en mémoire des 15 vies fauchées dans l’effondrement de la gare.
Venus des quatre coins du pays, des Serbes de tous horizons ont fait le déplacement : agriculteurs, acteurs, citoyens ordinaires… Tous unis dans un même élan de solidarité et de colère. Car au-delà de l’hommage, c’est bien un message politique que les protestataires sont venus porter haut et fort.
La démission des responsables exigée
Au cœur des revendications scandées par la foule : la démission immédiate du Premier ministre Milos Vucevic et du maire de Novi Sad, accusés de porter une lourde responsabilité dans le drame. Les manifestants exigent également que les responsables soient traduits en justice et répondent de leurs actes devant les tribunaux.
Les étudiants, fer de lance de la contestation, ont aussi des demandes plus spécifiques. Ils veulent que leurs camarades agressés lors des précédentes manifestations puissent porter plainte, et que les poursuites contre ceux qui ont participé aux rassemblements soient abandonnées. La jeunesse serbe montre qu’elle est déterminée à aller jusqu’au bout.
Un drame national qui a bouleversé le pays
Pour mémoire, le 1er novembre dernier, le toit fraîchement rénové de la gare de Novi Sad s’est effondré comme un château de cartes, ensevelissant de nombreuses victimes. 14 personnes, âgées de 6 à 74 ans, sont mortes sur le coup. Une 15ème a succombé à ses blessures à l’hôpital quelques semaines plus tard. Un bilan effroyable qui a plongé la Serbie dans le deuil.
Depuis, la tension n’est jamais retombée. Les manifestations se multiplient dans tout le pays, avec des blocages de rues quotidiens de 15 minutes en signe de protestation. Des affrontements sporadiques éclatent aussi en marge de certains rassemblements, signe que la colère ne faiblit pas malgré les semaines qui passent.
Le président Vucic inflexible malgré la pression
Face à cette contestation d’ampleur inédite, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré samedi qu’il ne plierait pas face aux manifestants. Le dirigeant campe sur ses positions et semble décidé à tenir tête à la rue coûte que coûte.
Mais dans le même temps, le gouvernement tente d’éteindre l’incendie par des gestes d’apaisement. Des subventions pour l’achat de logements ont été promises aux jeunes, une manière de tenter de calmer leur colère. Les autorités ont aussi annoncé vendredi des vacances scolaires anticipées, pour tenter de faire retomber la pression.
Mais ces manœuvres ne semblent pas suffire à apaiser une population sous le choc, qui réclame justice et transparence. Après le drame de Novi Sad, beaucoup ont le sentiment que leurs dirigeants les ont trahis et abandonnés. Et la colère qui gronde dans les rues de Serbie ne semble pas prête de s’éteindre.
Un pays sous haute tension
Plus de sept semaines après la catastrophe, la Serbie reste donc suspendue dans un équilibre précaire. D’un côté, une contestation populaire massive qui ne faiblit pas et exige des comptes. De l’autre, un gouvernement inflexible qui semble déterminé à ne pas céder, malgré quelques concessions.
Dans ce bras de fer entre la rue et le pouvoir, difficile de prédire qui finira par l’emporter. Une chose est sûre : le drame de Novi Sad a profondément ébranlé la société serbe et fait ressurgir des tensions et des fractures profondes. Le chemin vers l’apaisement et la réconciliation s’annonce long et semé d’embûches.
Les autorités parviendront-elles à calmer la colère populaire et à restaurer la confiance ? Les manifestants obtiendront-ils les réponses et la justice qu’ils réclament ? Une seule certitude : cette tragédie laissera des traces profondes et douloureuses dans la mémoire collective serbe. Et le combat pour la vérité et la transparence ne fait sans doute que commencer.