C’est avec une immense tristesse que le monde des affaires a appris le décès de Didier Pineau-Valencienne, figure emblématique de l’industrie française, à l’âge de 93 ans. Véritable légende du patronat, il a marqué de son empreinte indélébile le groupe Schneider Electric qu’il a dirigé pendant près de deux décennies. Retour sur le parcours exceptionnel d’un leader charismatique et visionnaire.
Un patron à la carrière fulgurante
Né en 1931 au sein d’une famille de médecins, Didier Pineau-Valencienne semblait promis à un brillant avenir. Après des études à HEC et un MBA aux États-Unis, il débute sa carrière dans l’édition chez Gallimard où il côtoie les plus grands auteurs de l’époque comme André Malraux et Albert Camus. Mais très vite, le jeune homme ambitieux sent que sa destinée se jouera ailleurs.
En 1958, il intègre le groupe Empain-Schneider où son talent est rapidement remarqué. Didier Pineau-Valencienne gravit les échelons à une vitesse fulgurante, redressant des filiales en difficulté avec brio. Son passage chez Rhône-Poulenc aux côtés de Jean Gandois achève d’asseoir sa réputation de manager hors pair. En 1981, lorsqu’il prend les rênes de Schneider, plus personne ne doute de son potentiel.
La transformation d’un conglomérat
À la tête de Schneider, Didier Pineau-Valencienne va déployer tout son génie stratégique pour transformer ce conglomérat tentaculaire en un leader mondial des équipements électriques. Avec plus de 150 sociétés et 132 000 salariés, la tâche s’annonce titanesque mais le dirigeant est un visionnaire qui voit loin.
DPV avait une capacité unique à percevoir les enjeux industriels du futur. Sa vision a façonné le Schneider d’aujourd’hui.
Un proche collaborateur
En l’espace de 18 ans, celui que l’on surnomme « DPV la casse » en raison de son exigence impitoyable, va recentrer le groupe sur son cœur de métier. Exit la sidérurgie, les chantiers navals, le ferroviaire… Place à l’électricité ! De grandes manœuvres qui lui vaudront parfois l’hostilité des syndicats, notamment lors de la liquidation fracassante de Creusot-Loire.
L’artisan de la success story Schneider
Mais Didier Pineau-Valencienne est un stratège qui ne laisse rien au hasard. Par une série d’acquisitions audacieuses, comme celles de Télémécanique ou de l’américain Square D, il bâtit un empire industriel puissant et rentable. En moins de 20 ans, le chiffre d’affaires est multiplié par 17 et la dette drastiquement réduite. Schneider est devenu un géant mondial des solutions électriques.
Derrière cette success story industrielle, il y a la patte d’un patron charismatique au leadership inspirant. Didier Pineau-Valencienne savait s’entourer des meilleurs, détecter les talents et les faire grandir. Exigeant avec lui-même et ses équipes, il insufflait une culture de la performance et de l’excellence qui a forgé l’identité du groupe.
Un dirigeant engagé et humaniste
Au-delà de ses qualités managériales unanimement saluées, Didier Pineau-Valencienne était un homme de convictions, attaché à des valeurs fortes. Ce catholique pratiquant, père de 4 enfants, s’est toujours efforcé de concilier réussite économique et progrès social. Il a été un ardent défenseur de l’apprentissage et de la formation professionnelle, conscient que l’avenir de l’industrie passait par les compétences.
Malgré les épreuves, comme sa mise en examen dans une affaire financière qui lui a coûté la présidence du CNPF, Didier Pineau-Valencienne est toujours resté fidèle à ses engagements. Cet humaniste dans l’âme a continué à s’investir dans de nombreuses causes, notamment en faveur de l’éducation et de la jeunesse. Une éthique et une droiture qui forcent le respect.
Un héritage considérable
Avec la disparition de Didier Pineau-Valencienne, c’est un monument du capitalisme français qui s’éteint. Ce visionnaire hors norme laisse derrière lui un héritage industriel considérable, celui d’un groupe puissant et reconnu mondialement. Mais au-delà de Schneider Electric, c’est tout un pan de l’histoire économique du pays qui est endeuillé.
Car « DPV » incarnait cette génération de grands patrons bâtisseurs, mus par une vision à long terme et un sens aigu de l’intérêt général. Des capitaines d’industrie passionnés et engagés qui ont fait la fierté et la force du pays. Didier Pineau-Valencienne en était l’archétype même, lui qui n’a eu de cesse de vouloir concilier performance économique, progrès social et rayonnement de la France.
Didier Pineau-Valencienne était un très grand patron, un visionnaire qui a transformé Schneider en profondeur. Sa disparition est une immense perte pour le monde économique français.
Un dirigeant du CAC40
À l’heure où l’industrie française est à la croisée des chemins, confrontée à des défis majeurs dans un contexte de compétition mondiale exacerbée, l’exemple de ce grand capitaine d’industrie résonne comme jamais. Le meilleur hommage que le pays puisse lui rendre est de s’inspirer de son leadership exceptionnel pour construire l’industrie du futur, celle qui créera de la valeur et des emplois sur nos territoires.
Didier Pineau-Valencienne n’est plus mais son empreinte est là, indélébile. À nous tous, acteurs économiques, politiques et citoyens, de faire vivre son héritage pour façonner un avenir industriel ambitieux et durable pour la France. C’est ainsi que la mémoire de ce très grand serviteur de l’économie française sera dignement honorée.