Alors que l’Iran fait face à de nouveaux défis géopolitiques au Moyen-Orient suite à la chute récente de son allié de longue date en Syrie, le président Bachar al-Assad, le guide suprême iranien Ali Khamenei a tenu à clarifier la position de son pays. Lors d’une allocution à Téhéran ce dimanche, il a affirmé que contrairement à ce que prétendent les Américains, la République islamique n’a pas de forces supplétives dans la région et n’en a d’ailleurs pas besoin.
L’Iran et son « axe de résistance »
Pendant de nombreuses années, la Syrie a occupé une place centrale dans ce que Téhéran appelle « l’axe de la résistance », une alliance informelle réunissant plusieurs acteurs régionaux opposés à Israël :
- Le Hezbollah au Liban
- Le Hamas à Gaza
- Des milices chiites en Irak
- Les rebelles houthis du Yémen
Malgré la perte de cet allié stratégique, M. Khamenei rejette l’idée selon laquelle l’Iran aurait perdu ses « forces supplétives ». Selon lui, les alliés de Téhéran se battent avant tout pour leurs propres convictions, et non par procuration pour l’Iran.
Un soutien multiforme à la Syrie
Tout au long du conflit syrien, l’Iran a apporté un soutien politique, financier et militaire au régime de Bachar al-Assad. Téhéran a notamment dépêché des « conseillers » militaires pour épauler l’armée syrienne et lutter contre le groupe État islamique. Cette implication était motivée par des intérêts stratégiques, la Syrie constituant un maillon essentiel de « l’axe de résistance » anti-israélien.
Ils ne cessent de dire que la République islamique a perdu ses forces supplétives avec la chute d’Assad en Syrie. C’est une erreur.
L’ayatollah Ali Khamenei, Guide suprême de l’Iran
Un revers stratégique pour Téhéran ?
La prise du pouvoir en Syrie par une coalition à dominante islamiste radicale est largement perçue comme un revers pour l’Iran dans la région. Ce changement intervient qui plus est à un moment délicat pour un autre de ses alliés clés, le Hezbollah libanais, fragilisé par une récente guerre contre Israël.
M. Khamenei a cependant tenu à minimiser l’impact de ces événements. Il a prédit l’émergence future d’un « groupe fort et honorable » en Syrie, affirmant que la jeunesse syrienne « n’a rien à perdre ». Ses propos laissent planer le doute quant à un éventuel renversement de la coalition actuellement au pouvoir.
Accusations envers les États-Unis
Le numéro un iranien a par ailleurs accusé les États-Unis, ennemi juré de Téhéran, de chercher à semer le chaos en Iran. Il a prévenu que « la nation iranienne foulera aux pieds quiconque accepte à cet égard un rôle de mercenaire pour l’Amérique. »
Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions accrues entre les deux pays. Washington a récemment durci les sanctions économiques visant Téhéran et renforcé sa présence militaire au Moyen-Orient. L’Iran de son côté a suspendu certains de ses engagements dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Quelle stratégie pour l’Iran ?
Au-delà de la rhétorique, les propos de Ali Khamenei soulèvent des questions quant à la stratégie que va adopter l’Iran face aux bouleversements régionaux en cours. La perte d’alliés comme la Syrie de Bachar al-Assad et la montée de tensions avec les États-Unis et Israël représentent autant de défis pour la République islamique.
Certains analystes estiment que Téhéran pourrait chercher à renforcer son influence via d’autres biais, comme son programme balistique et nucléaire, ou en nouant de nouvelles alliances avec des acteurs régionaux. D’autres pensent au contraire que l’Iran pourrait être tenté par un apaisement, au moins temporaire, afin de desserrer l’étau des sanctions économiques.
Une chose est sûre : la partie d’échecs géopolitique qui se joue actuellement au Moyen-Orient est loin d’être terminée. Et l’Iran entend bien y rester un joueur majeur, avec ou sans « forces supplétives ». L’évolution de la situation dans les prochains mois sera déterminante pour l’équilibre des pouvoirs dans cette région du monde hautement stratégique.