À Nantes, un gérant de laveries automatiques tire la sonnette d’alarme face à la recrudescence des incivilités qui gangrènent son activité. Excédé par les squats à répétition, les dégradations en tout genre et même les trafics de drogue, ce chef d’entreprise a décidé de prendre la parole pour dénoncer son calvaire quotidien.
Nicolas Darguesse exploite une quarantaine de laveries en Loire-Atlantique. Si tout se passe bien dans les petites communes, ses établissements nantais cristallisent les pires travers de la société. Mercredi dernier, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : l’entrepreneur raconte s’être fait agresser à la bombe lacrymogène par un squatteur qu’il tentait de déloger d’une de ses laveries du centre-ville.
Trois jours plus tôt, le même individu avait été filmé en train de déféquer dans un lave-linge. Un incident parmi tant d’autres pour Nicolas Darguesse, confronté quasi-quotidiennement à des scènes surréalistes : seringues qui jonchent le sol, vitres brisées, machines saccagées… Sans parler des laveries transformées en point de deal.
Le cri d’alarme d’un entrepreneur à bout
Face à cette spirale infernale, le gérant ne sait plus à quel saint se vouer. Malgré ses appels à l’aide répétés, les autorités locales semblent impuissantes. «La maison de la Tranquillité publique avec qui je suis en contact ne vient même plus systématiquement», déplore-t-il, las de devoir porter plainte 6 à 7 fois par mois en moyenne.
Pourtant, l’ampleur du phénomène est préoccupante. «On est habitué à héberger des gens à la rue quand il fait froid. Mais maintenant, on les loge toute l’année, ils ont pris l’habitude», constate, amer, l’entrepreneur.
Une situation intenable pour les commerçants
Au-delà du préjudice financier, c’est surtout l’état psychologique des marginaux qui l’inquiète. «Beaucoup sont très instables, imprévisibles. On ne sait jamais comment ils vont réagir», s’alarme Nicolas Darguesse. Un stress permanent pour lui et ses équipes, sans cesse sur le qui-vive.
Cette insécurité latente nuit gravement à l’activité. Les clients hésitent à fréquenter des lieux squattés, tandis que le chiffre d’affaires s’effrite. «On n’est pas considéré comme il faut. Si on était des bijouteries, on aurait un impact différent», regrette le professionnel, qui se sent abandonné par les pouvoirs publics.
Nous sommes à bout physiquement et psychologiquement, s’il n’y a aucune action de faite dans les plus brefs délais, nous ne serons pas responsables des suites qui en découleront…
Extrait d’un courrier envoyé par Nicolas Darguesse à la mairie de Nantes
La mairie promet des solutions
Contactée par nos soins, la Ville de Nantes assure être «en lien» avec le gérant et souligne que «la police municipale est intervenue à de nombreuses reprises» pour l’épauler, orientant notamment «les personnes en grande précarité vers des lieux d’accueil».
Un rendez-vous doit être organisé prochainement pour «envisager les conditions d’une sécurisation de l’accès à ses commerces» et «apporter une solution de long terme». Des promesses qui laissent Nicolas Darguesse perplexe. «Cela fait des années qu’on nous dit ça, mais concrètement, rien ne change. Il faut des actes forts, et vite !», exhorte-t-il.
En attendant, c’est tout un pan de l’économie locale qui souffre en silence. Car si le cas des laveries est emblématique, il est loin d’être isolé. Combien d’autres commerçants subissent ce fléau des incivilités sans oser le dire ? Un mal profond qui ronge le tissu économique nantais et appelle une réponse d’envergure. Les autorités sauront-elles se montrer à la hauteur ?