C’est une déclaration qui n’est pas passée inaperçue dans les chancelleries du monde entier. Le président élu des États-Unis Donald Trump a lancé un pavé dans la mare en menaçant, samedi 22 décembre, de reprendre le contrôle du canal de Panama. Dans un message publié sur son réseau social Truth Social, le milliardaire républicain s’en est pris aux « droits de passage ridicules » que doivent payer les navires américains pour emprunter cette voie maritime stratégique reliant les océans Atlantique et Pacifique.
Une « arnaque totale » selon Trump
Pour Donald Trump, il s’agit ni plus ni moins d’une « arnaque totale de notre pays ». Le futur locataire de la Maison Blanche a promis d’y mettre un terme « immédiatement ». Il a également pointé du doigt l’influence croissante de la Chine dans la région, estimant que le contrôle du canal « était seulement au Panama de le gérer, pas à la Chine ou à qui que ce soit d’autre ».
Le canal de Panama, achevé en 1914 par les États-Unis, a été entièrement rétrocédé au pays d’Amérique centrale en 1999, en vertu d’un accord signé en 1977. Mais pour Trump, pas question de laisser ce joyau « tomber entre de mauvaises mains ». Si le Panama n’est pas en mesure d’assurer « le fonctionnement sûr, efficace et fiable » de cette infrastructure cruciale, alors les États-Unis exigeront sa restitution « en totalité, et sans discuter », a-t-il martelé.
5% du trafic maritime mondial
L’enjeu est de taille. Selon des estimations, près de 5% du commerce international transite par le canal de Panama, long de 77 km. Cette voie d’eau permet aux navires d’éviter un détour périlleux et coûteux par le sud du continent américain. Pour l’heure, les autorités panaméennes n’ont pas officiellement réagi aux propos de Donald Trump.
Des revenus records malgré la sécheresse
Malgré les défis climatiques, le canal a enregistré des revenus records de près de 5 milliards de dollars sur la dernière année fiscale. Un chiffre attribué aux augmentations tarifaires et à une gestion optimisée selon l’Autorité du canal de Panama. Mais la sécheresse qui frappe la région a contraint à imposer des restrictions de tirant d’eau, réduisant la charge des navires de 29% en moyenne.
Notre marine et notre commerce sont traités de manière particulièrement injuste (…) Les droits que fait payer le Panama sont ridicules.
– Donald Trump, président élu des États-Unis
Pékin dans le viseur de Washington
Au-delà des questions de souveraineté et de droits de passage, c’est bien la Chine qui semble dans le viseur de la future administration Trump. Pékin a considérablement accru ces dernières années ses investissements et son influence en Amérique latine, une évolution vue d’un très mauvais œil par Washington. En reprenant le contrôle du canal, les États-Unis enverraient un message clair sur leur volonté de contrer les ambitions chinoises dans la région.
Pour l’heure, difficile de savoir si la sortie de Donald Trump relève de la simple posture ou préfigure un véritable bras de fer diplomatique. Une chose est sûre, le dossier du canal de Panama et de la présence chinoise en Amérique centrale sera scruté de près dans les prochains mois. L’arrivée aux affaires de l’imprévisible milliardaire promet en tout cas de bousculer les relations entre Washington et ses partenaires dans la région.