C’est une facture peu ordinaire qu’Éric Zemmour a reçu ces derniers jours. La mairie de Menton, exaspérée par l’affichage illégal des militants de Reconquête! dans la commune, a décidé de passer à l’offensive, révèle le quotidien régional Nice-Matin.
574€ pour nettoyer les dégâts
Dans un courrier adressé au président du parti, que Le Figaro a pu consulter, le maire DVD de Menton Yves Juhel dénonce des « actes irrespectueux » qui « portent atteinte à l’esthétique et à l’environnement » et engendrent « des coûts substantiels pour la municipalité ».
Et ces coûts, justement, le maire les a soigneusement détaillés dans la facture jointe : 242€ pour la mobilisation d’agents municipaux, et 332€ pour la mise à disposition d’un véhicule avec nacelle. Soit un total de 574€ pour effacer les traces des affiches à l’effigie de Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête! aux européennes, placardées en dehors des emplacements autorisés.
Murs, panneaux, compteurs : les preuves à l’appui
Afin d’étayer son propos, Yves Juhel a pris soin de joindre des photographies montrant les dégradations : affiches collées sur des murs, des panneaux publicitaires, et même des compteurs électriques. De quoi exprimer sa « totale désapprobation » au patron de Reconquête!.
Outre la violation manifeste du code électoral, ces pratiques constituent une forme de pollution visuelle réprimée par le code de l’environnement.
– Yves Juhel, maire de Menton, dans son courrier à Éric Zemmour
L’édile rappelle au passage les amendes encourues pour ce type d’infraction : jusqu’à 9000€ au titre du code de l’environnement, et 1500€ selon le code électoral. Et menace, en cas de récidive, de saisir le préfet des Alpes-Maritimes.
« Un non-sujet » pour Reconquête!
Du côté du mouvement politique d’extrême-droite, on balaie l’affaire d’un revers de main. Contacté par Le Figaro, Jean Moucheboeuf, représentant de Reconquête! dans le département, évoque « un non-sujet que le maire monte pour exister ».
S’il confirme condamner « l’affichage sauvage », le responsable assure que le parti ne peut être tenu pour responsable des agissements de ses militants. Une ligne de défense qui ne convainc guère à Menton, où l’on attend toujours une réponse d’Éric Zemmour et le règlement de la facture.
La bataille des européennes se joue aussi sur les murs
À un peu plus de deux semaines du scrutin européen, où la liste Reconquête! est créditée d’environ 6% d’intentions de vote, la tension est palpable entre le parti et certaines municipalités. À Nice également, le Rassemblement National a récemment dénoncé l’arrachage de ses affiches de campagne, et demandé l’accès aux images de vidéosurveillance de la ville.
Autant d’escarmouches qui donnent un avant-goût de l’âpreté de la bataille électorale à venir. Et si Éric Zemmour et Marion Maréchal entendent bien occuper le terrain médiatique, certains élus locaux semblent déterminés à leur faire payer le prix fort pour toute incartade sur leur territoire. À Menton, l’addition est déjà salée.