Mayotte peine à panser ses plaies une semaine après le passage dévastateur du cyclone Chido. Si l’acheminement de l’eau et de la nourriture se poursuit, de nombreux habitants attendent encore désespérément une aide vitale. Le bilan provisoire fait état de 35 morts, 2 432 blessés et 78 blessés graves. Mais les autorités redoutent que ces chiffres ne soient qu’un sombre aperçu de l’ampleur réelle du drame.
L’approvisionnement en eau et en nourriture, une priorité absolue
Face au risque de déshydratation qui menace les sinistrés, isolés et parfois privés de nourriture, l’acheminement de l’eau potable est devenu le « combat des combats » selon le Président Emmanuel Macron. Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, a assuré que « tout est mis en place pour permettre de distribuer 600.000 litres d’eau par jour », soit un peu moins de deux litres par personne, dans un territoire où il fait actuellement plus de 30 degrés.
Samedi, ce sont 220 tonnes d’eau et 80 tonnes de nourritures qui ont été réparties dans toutes les communes de l’île. Par avion, 31 tonnes de nourriture et 108 tonnes d’eau sont également arrivées. Un navire de la compagnie CMA-CGM va acheminer entre 100 et 150 conteneurs supplémentaires de vivres.
Mais dans certains quartiers reculés, l’attente se fait interminable. À La Geôle, un quartier de Mamoudzou, Adjilani Asadi témoigne :
On boit l’eau des citernes mais elle est salée. Il n’y a pas le choix, sinon on va mourir.
Électricité, routes, hôpital : un retour très progressif à la normale
Au-delà de l’urgence alimentaire, c’est toute l’île qui tente de se remettre sur pied :
- L’électricité est en cours de rétablissement mais un retour à la normale n’est pas prévu avant plusieurs semaines.
- Les axes routiers ont tous été dégagés en deux jours, après avoir été très entravés par des chutes d’arbres et de débris.
- Sept stations-service sur huit sont à nouveau ouvertes.
- L’hôpital est opérationnel à 50% et une opération de bâchage du toit est en cours pour augmenter les capacités d’accueil.
« Pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale »
Si les secours s’activent pour parer à l’urgence, le Président Emmanuel Macron a prévenu que « pendant des mois, Mayotte ne vivra pas en situation normale ». Les écoles ne pourront pas toutes rouvrir à la rentrée et des solutions devront être trouvées, comme la scolarisation d’élèves à La Réunion.
Polémique et deuil national
Le drame a aussi une dimension politique. Jeudi soir, lors d’un échange tendu avec des habitants excédés, Emmanuel Macron a provoqué la polémique avec des propos virulents :
N’opposez pas les gens ! Si vous opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si ce n’était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde !
– Emmanuel Macron
Le Président a depuis défendu ses propos, dénonçant un rassemblement organisé par l’extrême droite visant à « insulter la France ». « Quand on insulte la France, le Président se fâche ! », a-t-il justifié.
Mayotte tentera aussi de faire son deuil, avec une journée de deuil national décrétée ce vendredi 23 décembre. Pour la première fois sous la Ve République, cette commémoration concernera une catastrophe climatique.
Malgré la mobilisation des secours, l’ampleur des dégâts et l’isolement de certaines zones font que de nombreux Mahorais se sentent encore abandonnés. Il faudra du temps pour que l’île panse ses plaies et retrouve un fonctionnement normal. La solidarité nationale sera plus que jamais nécessaire dans les semaines et mois à venir pour aider Mayotte à se relever.