Ce samedi, une cérémonie officielle scellera le destin du Tchad. Selon des sources proches du pouvoir, le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de l’État depuis 2021, sera élevé à la dignité de maréchal. Un titre prestigieux qui le placera dans les pas de son défunt père et prédécesseur, Idriss Déby Itno.
Le fils succède au père dans les honneurs militaires
Cette promotion, validée début décembre par le Conseil national de transition dominé par le parti au pouvoir, vient saluer le parcours de ce jeune officier de 40 ans. Propulsé à la tête du pays dans le sillage du décès brutal de son père au front en 2021, Mahamat Idriss Déby Itno a su s’imposer, d’abord comme président du Conseil militaire de transition, puis comme président de la transition faisant office de chef de l’État.
Son ascension fulgurante a été ponctuée par une modification de la Constitution et une légitimation par les urnes en mai dernier, lors d’un scrutin contesté. Mais c’est surtout sur le terrain militaire que le fils semble marcher dans les traces du père.
Des victoires militaires saluées
Tout comme Idriss Déby Itno, élevé au rang de maréchal en 2020 après une offensive victorieuse contre Boko Haram, Mahamat Idriss Déby Itno a personnellement conduit une opération d’envergure contre le groupe jihadiste fin octobre. Pendant une quinzaine de jours, il a mené les opérations aériennes et terrestres, documentant régulièrement ses faits d’armes sur les réseaux sociaux.
C’est cette implication directe et ces succès militaires qui lui valent aujourd’hui cette promotion au sommet de la hiérarchie. Selon la résolution adoptée par le CNT, il est « élevé à la dignité de maréchal pour services rendus à la nation et les nombreuses victoires militaires remportées à l’intérieur et à l’extérieur du pays ».
Un sacre à trois semaines d’élections clés
Cette cérémonie solennelle intervient à un moment charnière pour le Tchad. Dans trois semaines, les Tchadiens sont appelés aux urnes pour des élections législatives et locales, les premières depuis 2011. Un scrutin crucial pour l’avenir du pays, qui suscite de fortes attentes mais aussi des inquiétudes quant à sa transparence et son équité.
En revêtant les galons de maréchal, Mahamat Idriss Déby Itno envoie un signal fort, à la fois à la population et à la classe politique. Il s’affirme comme le digne héritier de son père, un chef militaire capable de défendre le pays face aux menaces sécuritaires. Mais il veut aussi incarner une forme de stabilité et de continuité à la tête de l’État, au moment où le Tchad s’apprête à tourner une page importante de son histoire.
Les défis d’un maréchal président
Pour autant, les défis qui attendent le nouveau maréchal sont immenses. Sur le plan sécuritaire, malgré les victoires affichées, la menace jihadiste reste prégnante dans la région du Lac Tchad. Le lourd tribut payé par l’armée tchadienne après le départ de Mahamat Idriss Déby Itno du théâtre des opérations fin octobre en témoigne.
Sur le front diplomatique, le Tchad traverse une zone de turbulences. La décision de suspendre les accords militaires avec la France, partenaire historique, et le départ des forces françaises du pays interrogent sur la nouvelle orientation stratégique voulue par le fils Déby.
Enfin, sur le plan politique intérieur, le maréchal président devra faire face aux attentes immenses d’une population qui aspire à plus de liberté, de justice sociale et de développement, après des décennies de pouvoir autoritaire et militarisé. Sa capacité à incarner un véritable renouveau démocratique, au-delà des artifices protocolaires, sera scrutée avec attention.
La cérémonie de ce samedi n’est donc qu’une première étape dans le long chemin qui attend Mahamat Idriss Déby Itno. Maréchal dans l’âme, saura-t-il aussi être un président à l’écoute de son peuple ? L’avenir du Tchad en dépend largement.
