L’offensive fulgurante menée par les forces rebelles a semé la panique au sein du régime syrien. Pris de court, le président Bachar al-Assad a précipitamment quitté le pays le 8 décembre, se réfugiant en Russie en compagnie de quelques proches, dont son secrétaire général et son conseiller économique. Cette fuite soudaine a laissé nombre de ses collaborateurs livrés à eux-mêmes, contraints de chercher asile dans les États voisins.
La débandade des hauts responsables syriens
Le départ inopiné de Bachar al-Assad a provoqué un vent de panique parmi les figures clés du régime. Son frère Maher, chef de la garde prétorienne, a dû se replier en hélicoptère vers l’Irak avant de rejoindre Moscou, tandis que son épouse et son fils ont transité par le Liban. Ali Mamlouk, l’ancien tsar du renseignement, aurait lui aussi gagné la Russie via l’Irak selon une source militaire syrienne.
D’autres ténors du régime ont préféré se réfugier au Pays du Cèdre, à l’instar de Bouthaïna Chaabane, influente conseillère politique d’Assad, ou encore de Ghassan Belal, bras droit de Maher al-Assad. Plusieurs hommes d’affaires sulfureux ayant prospéré à l’ombre du clan présidentiel ont également fui vers Beyrouth, avant de s’envoler vers d’autres cieux.
Des responsables dans le collimateur de la justice internationale
Si certains ont réussi à s’échapper, d’autres risquent de devoir rendre des comptes. C’est notamment le cas de Maher al-Assad et d’Ali Mamlouk, tous deux visés par des mandats d’arrêt internationaux pour leur implication présumée dans des crimes contre l’humanité. Interpol a ainsi demandé aux autorités libanaises d’appréhender Jamil al-Hassan, ex-patron des renseignements de l’armée de l’air, s’il venait à entrer sur leur territoire, en vue de son extradition vers les États-Unis.
Au regard de la gravité des crimes qui leur sont reprochés, ces anciens dignitaires du régime ne devraient pas pouvoir bénéficier très longtemps d’une tranquillité achetée sur le dos du peuple syrien.
Un diplomate européen
Une sortie de crise encore incertaine pour la Syrie
Alors que les derniers bastions loyalistes semblent sur le point de tomber, la question de l’avenir politique de la Syrie est plus que jamais d’actualité. Le départ précipité des principaux dirigeants et le délitement accéléré de l’appareil sécuritaire créent un vide béant à la tête de l’État. Des pourparlers inter-syriens pourraient s’avérer nécessaires afin d’éviter une fragmentation du pays et l’émergence de nouvelles milices incontrôlables.
De leur côté, Moscou et Téhéran, principaux parrains du régime déchu, tentent de préserver leurs intérêts dans un contexte particulièrement volatil. La Russie aurait ainsi accordé un sauf-conduit à plusieurs hauts gradés syriens, en échange de consignes de non-combativité adressées à leurs troupes. L’Iran œuvre en coulisse pour placer ses pions, tout en se posant en possible médiateur.
La fuite éperdue du clan Assad et de ses affidés marque assurément un tournant dans le conflit qui ravage la Syrie depuis plus de dix ans. Mais le chemin vers la paix et la réconciliation nationale s’annonce encore long et semé d’embûches. La communauté internationale aura un rôle crucial à jouer pour accompagner une transition politique inclusive et veiller au respect des droits humains fondamentaux.