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Pakistan : De Lourdes Peines Pour Les Partisans D’Imran Khan

Pakistan : le bras de fer entre l'armée et les partisans d'Imran Khan s'intensifie. 25 personnes lourdement condamnées pour avoir soutenu l'ex-Premier ministre. La répression politique se durcit, faisant craindre une escalade des tensions dans le pays...

Le bras de fer entre l’armée pakistanaise et les partisans de l’ancien Premier ministre Imran Khan prend un nouveau tournant. D’après des sources militaires, 25 personnes viennent d’être condamnées à de lourdes peines de prison par la justice militaire pour leur implication dans des manifestations de soutien à l’ex-dirigeant emprisonné.

L’arrestation d’Imran Khan en mai dernier pour des accusations de corruption a déclenché une vague de contestation nationale. Ses partisans sont descendus dans les rues pour exprimer leur colère contre l’armée, l’accusant d’être derrière ces poursuites. En réponse, l’institution militaire a lancé une vaste campagne de répression contre le parti de l’ex-Premier ministre, le PTI.

Une justice militaire contestée

Malgré cette pression, les supporters d’Imran Khan continuent de manifester régulièrement. Certains ont même ciblé des sites militaires, ce qui leur vaut désormais d’être jugés par des tribunaux militaires. Une procédure vivement critiquée par les défenseurs des droits humains :

C’est une tactique d’intimidation destinée à réprimer la contestation.

Amnesty International

D’après le communiqué de l’armée, parmi les 25 hommes condamnés :

  • 14 écopent de 10 ans de prison ferme
  • Les autres ont reçu des peines plus légères

Les motifs exacts et les dates de ces condamnations n’ont pas été précisés. Une opacité habituelle de la part de la justice militaire pakistanaise, dont les décisions sont rarement rendues publiques.

L’armée s’en prend au « terrorisme politique »

Pour l’armée, ces condamnations visent à sanctionner les violences qui ont secoué le pays en mai dernier lors des manifestations de soutien à Imran Khan. Dans son communiqué, elle évoque des « actes de violence évidents » et un « besoin de surveiller ces tentatives inacceptables de terrorisme politique ».

Mais pour beaucoup d’observateurs, il s’agit surtout d’une manoeuvre de l’institution militaire pour museler l’opposition. Depuis le renversement d’Imran Khan par une motion de censure en 2022, après qu’il ait perdu le soutien de l’armée, l’ancien champion de cricket est devenu la bête noire du pouvoir.

Imran Khan, ennemi public n°1 ?

À 72 ans, Imran Khan cumule les procès, principalement pour corruption ou en raison des manifestations violentes de ses partisans. Il crie au complot politique, affirmant que toutes ces affaires sont montées de toutes pièces par l’armée et les services de renseignement pour l’écarter du pouvoir. Des accusations corroborées par un des tribunaux qui le poursuit, qui a ouvertement fait état de pressions des services secrets.

En juillet dernier, un comité d’experts de l’ONU avait qualifié sa détention d' »arbitraire« , appelant à sa « libération immédiate ». Mais le gouvernement pakistanais est resté sourd à cet appel. Au contraire, la répression semble s’accentuer avec ces nouvelles condamnations de partisans de l’ex-Premier ministre.

Vers une escalade des tensions ?

Ces développements font craindre une aggravation de la crise politique au Pakistan. D’un côté, Imran Khan et ses soutiens, qui dénoncent un acharnement judiciaire et une dérive autoritaire de l’armée. De l’autre, le pouvoir civil et militaire, qui accuse l’ancien dirigeant de saper les institutions et de menacer la stabilité du pays.

Dans ce bras de fer, c’est la démocratie pakistanaise qui semble être la grande perdante. Fragilisée par des décennies d’ingérence de l’armée dans les affaires politiques, elle subit de plein fouet les conséquences de ces luttes de pouvoir. Et ce sont les citoyens pakistanais qui en payent le prix, pris en étau entre la répression du régime et les appels à la contestation de l’opposition.

Une chose est sûre : le Pakistan traverse une période de fortes turbulences politiques. Et avec un Imran Khan qui, même derrière les barreaux, reste une figure de ralliement pour une partie de la population, la situation est loin d’être apaisée. Les prochains mois seront décisifs pour voir si le pays réussit à sortir de cette spirale de tensions ou s’enfonce dans une crise plus profonde.

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