Six jours après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l’archipel français de Mayotte, la situation des sinistrés reste très précaire. Malgré la visite éclair du président Emmanuel Macron venu constater l’ampleur des dégâts, l’aide peine à arriver dans certaines communes enclavées. Le bilan provisoire fait état de 35 morts et 2500 blessés, mais pourrait encore s’alourdir selon l’aveu même du chef de l’État.
« On a soif. On a faim » : le cri d’alarme des Mahorais
Sur place, la détresse de la population est immense. Les Mahorais manquent de tout : eau potable, nourriture, électricité, carburant. Dans le quartier de Kawéni, plus grand bidonville de France, des scènes de chaos ont été observées devant les rares stations-service ouvertes. « On est fatigué. On en a marre. On a soif. On a faim », témoigne Yazéa Abdou, une habitante désespérée.
Le président Macron a promis le raccordement au moins partiel des foyers à l’eau potable dès samedi. Mais sur le terrain, l’aide arrive au compte-gouttes, la faute notamment à des routes coupées et des réseaux détruits. Seules 130 tonnes de marchandises ont pu être distribuées jusqu’à présent. Le gouvernement annonce la livraison quotidienne de 600 000 litres d’eau, soit moins de 2 litres par habitant.
Des renforts de la Croix-Rouge attendus
Face à l’urgence, des mesures sont progressivement déployées. Samedi, 50 volontaires supplémentaires de la Croix-Rouge française décolleront de métropole pour prêter main forte aux équipes locales débordées. La priorité est de sécuriser l’accès à l’eau potable pour éviter tout risque sanitaire.
Mais pour la population mahoraise, c’est la douche froide. Beaucoup attendaient davantage du déplacement présidentiel, au-delà des belles paroles et des promesses. La colère gronde, comme en témoigne cet échange houleux entre Emmanuel Macron et des sinistrés à Tsingoni : « Si c’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! », a lancé le président, suscitant une vive polémique.
Mayotte, un département oublié ?
Au delà de l’urgence post-cyclonique, c’est la situation même de Mayotte, département le plus pauvre de France, qui est pointée du doigt. Un tiers de la population, soit plus de 100 000 personnes, vit dans des bidonvilles insalubres, sans accès à l’eau ni à l’électricité. Emmanuel Macron a promis une loi spéciale pour « reconstruire » l’archipel et « mettre fin à l’habitat indigne » d’ici deux ans.
Mettre fin aux bidonvilles et supprimer ces habitats indignes et dangereux, c’est l’un des objectifs de la loi spéciale promise par le président pour rebâtir Mayotte.
Emmanuel Macron, président de la République
Un défi immense pour ce territoire d’Outre-Mer délaissé, qui cumule les records en matière de pauvreté, de chômage, d’immigration clandestine et d’insécurité. Une situation explosive, que le passage du cyclone Chido a brutalement mise en lumière. Aux yeux de nombreux Mahorais, l’État a une énorme dette à leur égard.
La reconstruction, un chantier au long cours
Le chemin de la reconstruction sera long et difficile pour l’archipel de l’Océan indien. L’heure est d’abord au bilan et à l’urgence humanitaire. Mais très vite, il faudra penser l’avenir et le développement durable de ce territoire français. Sans quoi, Mayotte restera une poudrière, à la merci du prochain cyclone.
Reste à espérer que les mots prononcés par Emmanuel Macron avant son départ se transforment en vraies actions :
La priorité des priorités, c’est le combat pour l’eau potable, l’eau de consommation.
Emmanuel Macron, Mayotte, 12 janvier 2024
Un combat qui n’a que trop tardé à Mayotte, et que le passage de Chido rend désormais vital. Les habitants de l’archipel attendent des actes, pour panser leurs plaies et se reconstruire. La balle est dans le camp de l’État.