Un vent nouveau souffle sur les relations entre les États-Unis et la Syrie. Vendredi dernier, une délégation diplomatique américaine a effectué une visite historique à Damas, la première depuis la chute de l’ancien président Bachar al-Assad. Cette rencontre a été l’occasion pour les États-Unis d’annoncer la fin de leur prime pour l’arrestation d’Ahmad al-Chareh, le nouveau dirigeant syrien à la tête du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
Washington entend les « messages positifs » de Damas
Barbara Leaf, haute diplomate américaine menant la délégation, a justifié cette décision par les « messages positifs » reçus lors des discussions avec Ahmad al-Chareh. Pourtant, le chef de HTS était jusqu’à présent recherché par le FBI, qui offrait une prime de 10 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation.
Le groupe HTS, bien qu’ayant mené la coalition rebelle contre Bachar al-Assad, reste classé comme « terroriste » par plusieurs pays dont les États-Unis. Toutefois, il affirme avoir rompu avec le jihadisme et cherche à rassurer sur sa capacité à relancer le pays après près de 14 ans de guerre civile.
Des engagements réciproques
Lors de la rencontre, Barbara Leaf a souligné l’importance de l’inclusion et d’une large consultation en cette période de transition politique. Elle a également insisté sur la nécessité cruciale pour la Syrie de veiller à ce que les groupes terroristes ne puissent plus constituer une menace, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur.
Il (Ahmad al-Chareh) s’est engagé à le faire.
Barbara Leaf, haute diplomate américaine
En contrepartie, les États-Unis ont donc décidé d’abandonner la prime qui visait al-Chareh, tout en précisant qu’ils veilleraient à ce que des progrès soient accomplis « avec des actions, et pas seulement des paroles ». La diplomate a également indiqué que le dirigeant syrien lui était « apparu comme pragmatique ».
Le rôle de l’Iran remis en question
Un autre point essentiel abordé lors de cette visite concerne le rôle de l’Iran, jusqu’à présent l’un des principaux alliés de Bachar al-Assad. Barbara Leaf s’est montrée catégorique sur ce sujet, affirmant s’attendre à ce que l’Iran ne joue désormais « aucun rôle » dans la nouvelle Syrie.
Si je me fie à ce qu’il se passe aujourd’hui, l’Iran ne jouera aucun rôle, et il ne devrait pas en jouer.
Barbara Leaf, haute diplomate américaine
Appel au cessez-le-feu à Kobané
Enfin, la diplomate américaine a appelé à un cessez-le-feu entre les combattants pro-turcs et les Kurdes syriens autour de la ville symbolique de Kobané, dans le nord de la Syrie. Washington dit travailler « énergiquement » avec les autorités turques et les Forces démocratiques syriennes (FDS), menées par les Kurdes, pour obtenir une trêve.
Cette visite diplomatique et les annonces qui en découlent marquent un tournant majeur dans la politique américaine vis-à-vis de la Syrie. Reste à voir si les engagements pris de part et d’autre se concrétiseront sur le terrain, pour permettre au pays de tourner définitivement la page d’une décennie de conflit dévastateur.