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Georges Abdallah: Un Prisonnier Politique Controversé Divise la France et les USA

Georges Abdallah, détenu depuis 40 ans en France, divise Paris et Washington. Les USA s'opposent à sa libération, craignant son retour au Liban. La justice française décidera le 20 février, sous pression diplomatique. Un cas emblématique des enjeux géopolitiques.

La libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais pro-palestinien détenu en France depuis 40 ans, est au cœur d’une polémique diplomatique entre Paris et Washington. Condamné en 1987 pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, ce prisonnier de 73 ans, considéré par ses soutiens comme le « plus vieux prisonnier politique d’Europe », voit sa demande de libération bloquée par l’opposition vigoureuse des États-Unis.

La justice française accepte sa libération, Washington s’y oppose

Mi-novembre, la justice française a accepté la libération conditionnelle de Georges Abdallah, au vu de son âge et de la durée de détention jugée « disproportionnée », à condition qu’il soit expulsé vers le Liban. Mais cette décision a été aussitôt suspendue par un appel du parquet antiterroriste, sur fond de pressions américaines.

Dans un courrier adressé à la cour d’appel de Paris, le ministère américain de la Justice a fait part de sa « vigoureuse opposition » à cette libération. Partie civile lors du procès en 1987, Washington estime que ses représentants diplomatiques seraient « exposés à un danger accru » si Abdallah était « libre de reprendre ses anciens desseins violents ».

Un cas emblématique de la guerre civile libanaise

L’affaire Georges Abdallah est indissociable du contexte de la guerre civile libanaise des années 1980 et de l’activisme violent de l’ultragauche pro-palestinienne de l’époque. Membre fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), il a été condamné pour complicité dans l’assassinat d’un diplomate israélien et d’un attaché militaire américain à Paris en 1982.

Bien que le tribunal ait estimé en novembre qu’il appartenait à une « histoire aujourd’hui révolue » et qu’il n’était « à l’origine d’aucun attentat en France ni ailleurs depuis 1984 », les États-Unis voient toujours en lui une menace potentielle, notamment en cas de retour au Liban, théâtre récent d’un regain de tensions entre le Hezbollah et Israël.

Bataille diplomatique et indépendance de la justice

Pour les soutiens de Georges Abdallah, cet acharnement américain à le maintenir en détention est révélateur d’une ingérence inacceptable dans le cours de la justice française. Son avocat, Me Jean-Louis Chalanset, a qualifié de « scandaleux » ce courrier aux airs « d’instruction » donnée par Washington, y voyant une « tentative de manipulation des juges français ».

Les États-Unis savent pertinemment que Georges Abdallah et son mouvement, qui n’existe plus depuis 40 ans, ne représente aucun danger pour eux.

Me Jean-Louis Chalanset, avocat de Georges Abdallah

La décision finale de la cour d’appel, attendue le 20 février prochain, sera donc scrutée de près. Au-delà du sort individuel de Georges Abdallah, elle sera lourde de symbolique quant à l’indépendance de la justice française face aux pressions de son allié américain, sur fond de tensions géopolitiques persistantes au Proche-Orient.

Quelle que soit l’issue, ce dossier illustre la complexité et la sensibilité des enjeux mémoriels, diplomatiques et sécuritaires liés aux conflits passés. Quarante ans après les faits, l’affaire Georges Abdallah continue de cristalliser les passions et de mettre à l’épreuve les relations entre États.

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