Au cœur du Soudan ravagé par la guerre civile, la région du Darfour-Nord est le théâtre d’un drame humain d’une ampleur terrifiante. Selon un nouveau rapport accablant de l’ONU publié vendredi, au moins 782 civils ont été tués et plus de 1143 blessés dans la seule ville d’El-Fasher, assiégée par des milices paramilitaires depuis mai dernier. Des chiffres glaçants qui témoignent de l’enfer quotidien enduré par la population, prise en étau entre les tirs croisés des belligérants.
Un conflit fratricide qui déchire le Soudan
Depuis la mi-avril, le Soudan est ravagé par une guerre fratricide opposant l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, à son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, chef des redoutables Forces de soutien rapide (FSR). Un affrontement brutal pour le pouvoir qui a plongé le pays dans le chaos et la violence, faisant des dizaines de milliers de morts et déplaçant plus de 11 millions de personnes.
El-Fasher, épicentre sanglant du conflit au Darfour
Au cœur de ce maelström, El-Fasher, capitale du Darfour-Nord et ses deux millions d’habitants, est devenue malgré elle l’épicentre des combats les plus acharnés. Dernier bastion de l’armée dans la région, la ville subit depuis sept mois les assauts incessants des milices FSR déterminées à en prendre le contrôle total. Bombardements aveugles sur les zones résidentielles, frappes aériennes, pilonnages d’artillerie… Rien n’est épargné aux civils pris entre deux feux.
« Le siège permanent d’El-Fasher et les combats incessants dévastent quotidiennement des vies à grande échelle »
Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme
L’hôpital d’El-Fasher, cible des attaques meurtrières
Symbole tragique de ce déchaînement de violence, l’hôpital principal d’El-Fasher est devenu ces derniers jours la cible d’attaques répétées d’une sauvagerie inouïe. Le 4 août, un bombardement des FSR a fait 9 morts et 20 blessés parmi le personnel soignant et les patients. Mercredi, de nouveaux raids meurtriers sur l’établissement et d’autres quartiers ont encore tué 10 civils et blessé 20 autres. Un acharnement criminel contre ce sanctuaire censé être épargné par la guerre.
Frappes aveugles contre les civils : l’horreur au quotidien
Mais les drames ne s’arrêtent pas là. Dimanche dernier, une attaque de drone des paramilitaires a tué au moins 38 personnes en plein centre ville. Plus tôt ce mois-ci, les FSR ont bombardé un camp de déplacés déjà touchés par la famine, faisant 6 morts et 13 blessés supplémentaires. Des frappes aveugles contre des civils sans défense, qui relèvent de crimes de guerre caractérisés. Et le Darfour-Nord n’est hélas que la partie émergée d’un iceberg de souffrances qui engloutit le Soudan.
Un cri d’alarme de l’ONU : la communauté internationale doit agir
Face à cette situation catastrophique, l’ONU tire la sonnette d’alarme. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk a averti qu’une attaque de grande ampleur contre El-Fasher « aggraverait les souffrances des civils à des niveaux catastrophiques ». Il appelle la communauté internationale à tout mettre en œuvre pour empêcher un tel scénario et mettre fin au siège meurtrier de la ville. Car chaque jour qui passe, ce sont des dizaines de vies innocentes fauchées dans l’indifférence générale.
Combien de morts avant une réaction internationale ?
782 civils tués, 1143 blessés… Derrière ces chiffres insoutenables, ce sont des familles décimées, des destins brisés, des souffrances indicibles. Combien de morts faudra-t-il encore avant que le monde ne réagisse vraiment face au drame qui se joue au Soudan ? Combien d’hôpitaux bombardés, de camps de déplacés mitraillés, avant que les grandes puissances ne mettent tout leur poids pour obtenir un cessez-le-feu et protéger les civils ? Il y a urgence. Chaque jour compte. Le temps presse avant que le Darfour ne sombre définitivement dans un abîme d’horreur et de chagrin. La communauté internationale doit agir. Maintenant.