Les mesures chocs et le style flamboyant de Javier Milei, le président argentin autoproclamé « anarcho-capitaliste », n’en finissent pas de faire parler d’eux. Après un an d’une thérapie de choc économique sans précédent, le pays commence à en voir les premiers effets. Et de l’autre côté de l’Atlantique, un nombre croissant d’élus français semblent fascinés par celui qu’on surnomme le « Trump de la pampa ».
Mais au-delà de l’effet de mode, les partisans hexagonaux de Milei ont-ils vraiment saisi la portée de son programme ultralibéral ? Rien n’est moins sûr. Car derrière la personnalité haute en couleur se cache un projet de réforme aussi profond que radical, qui bouscule les fondements mêmes du rôle de l’État.
Un choc de simplification drastique
En l’espace d’un an, Milei a réduit le budget fédéral argentin de 32%. Un chiffre vertigineux, qui se traduirait en France par une baisse de 219 milliards d’euros des dépenses de l’État. Aucun responsable politique n’a osé proposer une telle cure d’amaigrissement chez nous.
Pourtant, selon les estimations, cette réduction ne nous ramènerait que dans la moyenne européenne en termes de poids de la dépense publique. Bien loin de l’idéal libertarien tant vanté. Pour réellement réduire la voilure de l’État français et rendre leur liberté aux citoyens et aux entreprises, il faudrait aller encore plus loin que Milei.
Le spectre de la crise de la dette
Car même avec une baisse drastique des dépenses comme celle opérée en Argentine, la France ne dégagerait qu’un excédent de 50 milliards d’euros, à peine de quoi couvrir les intérêts de la dette abyssale accumulée par les gouvernements successifs. Le remboursement du capital, lui, n’est même pas envisageable en l’état.
Si aucun politique n’a le courage de réformes à la Milei, le mur de la réalité sera percuté de plein fouet par un pays ruiné. Le choc sera douloureux pour tous.
Un expert proche du dossier
Les leçons de l’expérience argentine
Avant de se tourner vers les recettes de Milei, les Argentins ont longtemps cru aux mirages de l’argent magique, de la dette éternelle et de la planche à billets. Ils ont vu leur pays, jadis prospère, sombrer dans la pauvreté. Un avertissement pour la France, qui continue de vivre au-dessus de ses moyens.
- La France a l’un des taux de dépenses publiques les plus élevés au monde à 57% du PIB
- La dette publique française dépasse les 3200 milliards d’euros fin 2023
- Les prélèvements obligatoires atteignent un niveau record de 45,5% du PIB
Espérons que les décideurs et les citoyens français n’attendront pas de connaître les mêmes souffrances que les Argentins avant d’ouvrir les yeux. Il est encore temps de changer de cap, en s’inspirant du courage et de la détermination d’un Milei, tout en l’adaptant à notre contexte.
Au-delà de l’effet de mode, un défi de pédagogie
L’engouement soudain de certains élus pour la success story miléiste ne doit pas être qu’un simple suivisme opportuniste. S’ils veulent réellement s’inspirer de son modèle, ils doivent en comprendre les tenants et aboutissants, et surtout être capables de les expliquer clairement aux Français.
Car le libéralisme à la mode argentine ne se résume pas à quelques mesures chocs spectaculaires. C’est une philosophie globale, qui repose sur le respect absolu des libertés et des projets de vie de chacun, et sur une confiance sans faille dans la capacité d’auto-régulation de la société civile et des marchés, sans intervention de l’État.
Être libéral, ce n’est pas juste vouloir réduire les impôts ou les dépenses. C’est avoir une vision cohérente de la société et du rôle de la puissance publique.
Un proche de Milei
Les élus français séduits par les sirènes du miléisme sont-ils prêts à assumer un tel bouleversement de logiciel ? À convaincre leurs concitoyens d’en accepter les conséquences ? Rien n’est moins sûr. Beaucoup semblent pour l’instant plus attirés par l’image sulfureuse du « Trump des pampas » que par le fond de son message.
Pourtant, au-delà de l’effet de mode, l’exemple argentin mérite d’être étudié sérieusement. Non pas pour être copié aveuglément, mais pour alimenter la réflexion sur les réformes structurelles dont notre pays a besoin. Avec pédagogie, pragmatisme, et sans tabou. En gardant à l’esprit cette mise en garde d’un fin connaisseur du dossier : « La France vit au-dessus de ses moyens depuis trop longtemps. Si nous n’agissons pas, nous finirons comme l’Argentine d’avant Milei. Et le réveil sera brutal. »