C’est une nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans le microcosme du patinage artistique. Alors que les athlètes russes et biélorusses sont bannis des compétitions internationales depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, une lueur d’espoir vient de s’allumer pour certains d’entre eux. La Fédération Internationale de Patinage (ISU) a en effet annoncé vendredi dernier la mise en place d’un protocole très strict qui pourrait permettre à un nombre limité de patineurs de ces deux pays de participer aux épreuves qualificatives pour les Jeux Olympiques d’hiver de 2026 à Milan-Cortina.
Un retour sous haute surveillance
Concrètement, les athlètes affiliés aux fédérations russe et biélorusse pourront concourir sous bannière neutre, avec des quotas très stricts : un seul patineur, un seul couple ou une seule paire par épreuve. En revanche, aucune participation par équipe ne sera autorisée. Cette mesure concerne le patinage artistique mais aussi la vitesse sur glace et le short-track.
Mais les contraintes ne s’arrêtent pas là. Pour pouvoir prétendre à une qualification olympique, les sportifs russes et biélorusses devront se soumettre à des contrôles antidopage renforcés et à un examen minutieux de leurs déclarations publiques. Toute prise de position en faveur de l’invasion de l’Ukraine sera éliminatoire. Enfin, ils ne pourront arborer aucun signe distinctif de leur pays d’origine, que ce soit sur leurs tenues ou au cours des cérémonies protocolaires.
Des qualifications cruciales fin 2025
Les compétitions concernées par ce dispositif se dérouleront entre septembre et décembre 2025, dans des villes comme Pékin, Salt Lake City ou encore Heerenveen aux Pays-Bas. Elles seront déterminantes pour décrocher les précieux sésames olympiques.
Si cette décision ouvre une porte aux meilleurs éléments russes et biélorusses, elle est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté du patinage. Beaucoup s’interrogent sur la possibilité de réintégrer des athlètes d’une nation agresseuse, alors même que le conflit fait toujours rage. D’autres y voient au contraire un moyen de préserver un certain niveau de compétition, en permettant aux talents de s’exprimer malgré le contexte géopolitique.
Quelles chances pour les Russes ?
Si le chemin vers les JO 2026 est désormais balisé, il reste semé d’embûches pour les patineurs russes et biélorusses. Outre des conditions de participation draconiennes, ils devront faire face à une concurrence affûtée, qui n’a pas été ralentie par près de deux ans de mise à l’écart. Sans compter l’hostilité d’une partie du public et le manque de soutien de leurs fédérations nationales.
Malgré tout, certaines figures majeurs du patinage russe gardent espoir de briller sous bannière neutre en 2026. C’est le cas de la prodige Anna Shcherbakova, championne olympique à 17 ans à Pékin, ou encore du couple star Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov, multiple médaillés européens et mondiaux. Pour eux, cette victoire de Milan-Cortina pourrait avoir une saveur particulière.
Et les Français dans tout ça ?
Du côté de l’équipe de France, on reste prudent face à cette annonce. Si la concurrence russe a souvent privé les tricolores de médailles, beaucoup estiment que le sport doit rester au-dessus des conflits, tout en respectant une éthique irréprochable. Les leaders français comme Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron (danse sur glace), Kevin Aymoz (messieurs) ou encore les paires Aurélie Monnier-Cyril Bessy et Camille Kovalev-Pavel Kovalev, entendent bien se concentrer sur leur préparation, avec ou sans Russes au départ.
Une décision à hauts risques
En ouvrant partiellement la porte aux athlètes russes et biélorusses pour 2026, l’ISU prend le pari risqué d’une réintégration progressive, sous contrôle, mais qui ne manquera pas de faire polémique. Beaucoup y verront un signal inadapté alors que l’agression militaire russe se poursuit et que les sanctions internationales pleuvent sur le régime de Vladimir Poutine.
L’instance mondiale devra donc redoubler de vigilance dans l’application de son protocole si elle ne veut pas donner l’impression de brader ses valeurs au nom du spectacle sportif. Un numéro d’équilibriste périlleux à un peu plus de deux ans des prochains Jeux d’hiver, qui promet en tout cas de faire couler beaucoup d’encre sur la glace des patinoires.
« C’est une décision courageuse et risquée de l’ISU, qui tente de concilier l’éthique et l’universalité du sport. Mais la moindre entorse au règlement ou le moindre dérapage pourrait lui coûter cher en termes d’image. »
Une source proche des instances du patinage
Les mois à venir permettront de jauger la capacité des athlètes russes et biélorusses à se plier à ce nouveau cadre pour espérer fouler à nouveau la glace olympique. Une chose est sûre : leurs moindres faits et gestes seront épiés et décortiqués. Dans le monde du patinage, les JO 2026 ont déjà commencé.