Une enquête explosive publiée par le quotidien israélien Haaretz secoue la sphère médiatique. Le journal accuse l’armée israélienne de tirer aveuglément sur des civils palestiniens dans le corridor de Netzarim, une zone tampon controversée de la bande de Gaza. Des témoignages anonymes mais glaçants de soldats déployés sur place soulèvent de sérieuses questions sur les pratiques militaires en vigueur.
« Une balle dans la tête pour quiconque entre dans le corridor »
Selon un soldat cité par Haaretz, les ordres étaient on ne peut plus clairs : « Quiconque traverse le pont pour entrer dans le corridor reçoit une balle dans la tête ». Un autre évoque un bilan des pertes du Hamas communiqué par sa hiérarchie, avec 200 militants tués, alors que selon lui, seuls 10 l’étaient réellement. Des écarts troublants qui jettent une lumière crue sur la situation.
Face à ces lourdes accusations, l’armée israélienne se défend. Dans un communiqué, elle affirme ne s’attaquer qu’à « des cibles militaires » et agir « avec précision ». De nombreuses mesures seraient prises avant chaque frappe pour « limiter le risque que des civils soient blessés ». L’armée rejette aussi l’idée que les officiers sur place disposeraient d’une latitude exceptionnelle dans leurs décisions.
Le Hamas dénonce « un génocide en cours »
Du côté palestinien, le Hamas, dont l’attaque sans précédent en territoire israélien le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza, voit dans les témoignages des soldats « des preuves supplémentaires de crimes de guerre et d’opérations de nettoyage ethnique menées de façon structurée ». L’organisation appelle l’ONU et la Cour internationale de justice à enquêter et « mettre un terme au génocide en cours dans la bande de Gaza ».
Alors que les tensions sont à leur comble et que les accusations fusent des deux côtés, la situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer. Pris entre deux feux, les civils paient le plus lourd tribut de ce conflit qui s’enlise. Les révélations de Haaretz, si elles se confirment, pourraient bien marquer un tournant dans la perception de ce conflit vieux de plusieurs décennies. Mais le chemin vers la paix et la réconciliation semble encore long et semé d’embûches.
Un corridor au cœur des tensions
Le corridor de Netzarim, au centre des accusations, est une zone tampon controversée aménagée par l’armée israélienne :
- Large de 7 kilomètres
- Coupe le nord de la bande de Gaza du reste du territoire palestinien
- Située entre Israël et la Méditerranée
- Point de tension majeur entre Israéliens et Palestiniens
Cette bande de terre est depuis longtemps un point de friction entre les deux camps. Les Palestiniens y voient une entrave à leur liberté de mouvement et une annexion déguisée de leur territoire. Pour Israël, il s’agit d’une mesure de sécurité indispensable pour prévenir les infiltrations et les attaques. Mais à quel prix pour les populations civiles ?
Quelles suites pour les accusations ?
Les révélations de Haaretz soulèvent de nombreuses questions sur la conduite de l’armée israélienne à Gaza :
- Une enquête indépendante sera-t-elle menée ?
- Les témoignages des soldats seront-ils corroborés ?
- Quelles mesures seront prises si des violations du droit international humanitaire sont avérées ?
- Quel impact sur le processus de paix déjà fragile ?
Autant d’interrogations qui restent pour l’heure sans réponse, mais qui ne manqueront pas d’alimenter le débat dans les prochains jours et semaines. Une chose est sûre : ces accusations ne feront qu’attiser davantage les tensions dans une région déjà à fleur de peau.
Un lourd bilan humain
Depuis le début de la guerre à Gaza suite à l’attaque du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023, le bilan est terriblement lourd :
Victimes | Nombre |
Palestiniens tués | 2 310 |
dont civils | 1 297 |
Israéliens tués | 73 |
dont civils | 15 |
Des chiffres qui donnent le vertige et témoignent de l’ampleur de la tragédie humaine qui se joue à Gaza. Derrière chaque nombre, il y a un visage, une histoire, une vie brisée. Et ce sont les populations civiles, prises en étau entre le Hamas et l’armée israélienne, qui paient le plus lourd tribut.
« Il ne peut y avoir de paix durable sans justice. Et il ne peut y avoir de justice sans vérité. C’est pourquoi ces révélations, aussi douloureuses soient-elles, sont essentielles. »
– Un diplomate européen sous couvert d’anonymat
Alors que les combats font rage et que les accusions de crimes de guerre se multiplient, la communauté internationale semble bien impuissante. Divisée, tétanisée, elle peine à parler d’une seule voix pour imposer un cessez-le-feu durable et mettre un terme à l’escalade de violence.
Dans ce contexte, les révélations de Haaretz sur les pratiques de l’armée israélienne à Gaza risquent de jeter de l’huile sur le feu. Mais elles pourraient aussi, c’est tout l’enjeu, pousser la communauté internationale à sortir de sa torpeur et à enfin prendre ses responsabilités. Car sans pression extérieure, il y a peu de chances que les choses bougent sur le terrain. Et ce sont les civils, une fois de plus, qui risquent d’en payer le prix.