Alors que le conflit syrien connaît un nouveau tournant avec l’offensive de groupes pro-turcs contre les forces kurdes dans le nord-est du pays, l’Allemagne monte au créneau. La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a martelé vendredi, à la veille d’une visite en Turquie, un message clair : l’intégrité territoriale de la Syrie doit être respectée.
« Si on veut parvenir à la paix dans la région, il ne faut pas saper l’intégrité territoriale de la Syrie », a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande, citée dans un communiqué de son ministère. Un rappel à l’ordre qui vise directement la Turquie, dont des groupes alliés combattent actuellement les forces kurdes dans la région de Manbij.
La Syrie, terrain de jeu des puissances étrangères ?
Pour Annalena Baerbock, il est primordial d’empêcher que la Syrie ne devienne « le jouet de puissances étrangères » ou « une expérience de forces radicales ». Une mise en garde qui fait écho aux craintes de la communauté kurde. Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad, les Kurdes du nord-est, longtemps opprimés, redoutent de perdre l’autonomie relative acquise depuis le début du conflit en 2011.
Selon une source proche du dossier, le nouveau pouvoir à Damas, dominé par le groupe islamiste radical Tahrir al-Sham depuis le renversement d’Assad, aurait l’intention d’étendre son autorité sur les zones kurdes. Une perspective inquiétante pour cette minorité et pour la stabilité de la région.
L’ombre de la Turquie
Dans ce contexte tendu, la Turquie apparaît comme un acteur clé. Considérée comme la force étrangère la plus influente en Syrie, Ankara est pointée du doigt pour son soutien à des groupes rebelles. Une position ambiguë qui suscite la méfiance de la communauté internationale, à commencer par les États-Unis.
« La victoire des rebelles en Syrie est une prise de pouvoir inamicale par la Turquie. »
– Donald Trump, président américain élu
Face à cette situation, les Occidentaux multiplient les initiatives diplomatiques pour éviter que la Turquie ne s’impose comme l’allié incontournable du nouveau régime syrien. Un enjeu majeur pour l’avenir de la Syrie et de toute la région.
Le sort des réfugiés en question
Au cœur des discussions, le sort des 3 millions de réfugiés syriens présents en Turquie. Pour Annalena Baerbock, leur retour et la reconstruction de la Syrie ne pourront se faire que si « plus personne ne craint d’être persécuté ».
« Cela devrait également être dans l’intérêt du gouvernement turc, car plus de trois millions de réfugiés syriens vivent en Turquie. »
– Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères
Un message fort envoyé à la Turquie, qui accueille la plus grande population de réfugiés syriens au monde. Mais aussi un rappel des valeurs fondamentales – respect des droits humains, état de droit, démocratie – que l’UE entend défendre dans sa politique étrangère.
Vers une résolution du conflit ?
La prise de position de l’Allemagne illustre la complexité de la situation en Syrie et les défis qui attendent la communauté internationale. Entre jeux d’influence des puissances régionales, menace terroriste et crise humanitaire, les obstacles sont nombreux sur le chemin de la paix.
Mais la visite d’Annalena Baerbock en Turquie, et sa rencontre prévue avec son homologue Hakan Fidan, laisse entrevoir une lueur d’espoir. Par le dialogue et la coopération, l’Europe et ses partenaires espèrent poser les bases d’une résolution durable du conflit, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.
Un processus long et difficile, mais indispensable pour offrir un avenir à ce pays meurtri et à sa population. La communauté internationale se doit d’être à la hauteur de ce défi historique.