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Crise politique en Géorgie : manifestations pro-UE et tensions

La Géorgie est secouée par une vague de manifestations pro-européennes dénonçant la dérive autoritaire du gouvernement. Retour sur les moments clés de cette crise politique qui divise le pays et menace sa stabilité. Quel avenir pour la Géorgie entre l'UE et la Russie ?

Depuis plusieurs semaines, la Géorgie est plongée dans une grave crise politique opposant le gouvernement accusé de dérive autoritaire à des milliers de manifestants pro-européens. Retour sur les moments clés de ce bras de fer qui divise profondément le pays.

Un virage controversé du parti au pouvoir

Tout a commencé en 2022 quand le parti Rêve géorgien, dirigé dans l’ombre par le milliardaire pro-russe Bidzina Ivanichvili, a amorcé un changement radical de politique. Abandonnant une ligne libérale et pro-occidentale, il s’est engagé dans une voie de plus en plus conservatrice et autoritaire.

En 2024, le parti a fait adopter des lois très controversées :

  • Une loi limitant les droits des personnes LGBT+, présentées comme le symbole d’une prétendue « dérive de l’Occident »
  • Une loi contre « l’influence étrangère » qui, selon l’opposition, vise à museler les ONG critiques du pouvoir

Ces textes, dénoncés comme liberticides et inspirés des lois répressives russes, ont suscité un tollé. Au printemps, des manifestations massives ont eu lieu, sans parvenir à bloquer leur adoption. En réaction, Bruxelles a gelé en juillet le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE.

Des législatives sous haute tension

Aux élections législatives du 26 octobre, le Rêve géorgien a clamé victoire malgré des accusations de fraudes massives. L’opposition pro-européenne a rejeté les résultats et boycotté le nouveau Parlement, le jugeant « illégitime ». La présidente géorgienne pro-occidentale Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a dénoncé un système de fraudes électorales « à la russe », ce que Moscou a démenti.

Manifestations monstres et répression policière

Le 28 novembre, le Premier ministre a annoncé suspendre jusqu’en 2028 les pourparlers d’adhésion à l’UE, déclenchant une vague de manifestations géantes réclamant sa démission et de nouvelles élections. Pendant 10 jours, Tbilissi a été le théâtre de rassemblements monstres émaillés de violences avec la police, qui a fait un usage massif de la force :

  • Matraques, gaz lacrymogènes et canons à eau contre les manifestants
  • Plus de 400 interpellations, dont des dizaines pour infractions pénales passibles de lourdes peines
  • De nombreux cas de violences policières contre des manifestants pacifiques et des journalistes, documentés par des ONG

Cette répression brutale a été fermement condamnée par les Etats-Unis et les Européens, qui ont sanctionné des responsables du ministère de l’Intérieur et de la police. Washington a averti préparer de nouvelles sanctions contre Tbilissi.

Vers une crise constitutionnelle ?

Le bras de fer s’est encore durci le 14 décembre avec la désignation très controversée d’un nouveau président loyal au pouvoir, Mikheïl Kavelachvili, élu par un collège électoral dominé par le parti au pouvoir, lors d’un vote boycotté par l’opposition.

Refusant de lui transmettre le pouvoir comme prévu le 29 décembre, la présidente sortante promet de rester en poste tant que de nouvelles législatives n’auront pas lieu. Selon des juristes, l’élection du nouveau président serait de toute façon « illégitime » car les députés de la majorité auraient pris leurs fonctions avant le résultat d’un recours de Mme Zourabichvili contestant les législatives. Recours finalement rejeté par la Cour constitutionnelle.

Un pays au bord du précipice

Avec un gouvernement et des manifestants campant sur leurs positions, sur fond de rhétorique de plus en plus agressive, le risque d’une escalade incontrôlée est élevé. Que se passera-t-il si le pouvoir tente de déloger la présidente sortante du palais présidentiel, alors que de nombreux manifestants pro-européens ont juré de la défendre ?

A l’approche de l’investiture très contestée du nouveau président le 29 décembre, la Géorgie retient son souffle. Cette crise politique, la plus grave depuis l’indépendance, fait craindre des troubles majeurs dans ce pays stratégique du Caucase, écartelé entre la Russie et l’Occident.

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