C’était un procès hors norme, celui des viols conjugaux de Mazan. Mais plus qu’une affaire judiciaire retentissante, ce fut le courage d’une femme, Gisèle Pelicot, qui a marqué les esprits. En refusant le huis clos à l’ouverture de ce procès où son ex-mari était jugé pour l’avoir droguée et prostituée pendant des années, elle est devenue en quelques jours une icône féministe saluée par la France entière pour sa dignité et sa détermination.
Jusqu’au plus haut sommet de l’État. Car c’est le président Emmanuel Macron en personne qui a tenu à lui rendre hommage publiquement au lendemain du verdict. Sur le réseau social X (ex-Twitter), le chef de l’État a eu ces mots émus :
Merci Gisèle Pelicot. Pour ce mot de justice au nom duquel vous avez affronté l’épreuve tête haute. Pour nous tous, car votre dignité et votre courage ont ému et inspiré la France et le monde.
– Emmanuel Macron
Le courage d’une femme devenue symbole
Au-delà des mots, c’est bien la portée symbolique de l’attitude de Gisèle Pelicot pendant ce procès que le président a voulu saluer. Par sa volonté de médiatiser cette affaire sordide, cette femme de 55 ans a contribué à libérer la parole des victimes de viols conjugaux, un fléau encore trop souvent passé sous silence.
Comme l’a souligné Emmanuel Macron, Gisèle Pelicot est devenue pour toutes les femmes « une éclaireuse pour parler et lutter » contre les violences sexuelles. Son histoire terrifiante – celle d’une épouse droguée à son insu par son mari pendant 10 ans pour être livrée à des dizaines d’hommes – en a fait une figure emblématique malgré elle.
Des dizaines de milliers de victimes en France
Car le calvaire vécu par Gisèle Pelicot est malheureusement loin d’être un cas isolé. Selon les dernières estimations, ce sont environ 100 000 femmes qui subissent chaque année en France des viols ou tentatives de viols de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.
Dans 45% des cas, ces agressions se produisent dans un contexte de violences conjugales dont l’ampleur reste sous-estimée. Seules 14% des victimes osent porter plainte, souvent par peur des représailles ou de ne pas être crues.
Un procès pour faire jurisprudence
C’est tout l’enjeu du procès de Mazan. Au-delà de la condamnation des 51 accusés, dont l’ex-mari de Gisèle Pelicot écopant de 20 ans de réclusion, la médiatisation de ce dossier « hors norme » doit permettre de faire évoluer le regard de la société et de la justice sur ces crimes trop souvent minimisés.
Comme l’a martelé l’avocate générale pendant son réquisitoire, l’affaire Pelicot doit marquer « un tournant » dans la prise en compte du « consentement des victimes de viols conjugaux« . Et ouvrir la voie à d’autres procès du même type pour établir une véritable jurisprudence.
Le début d’une prise de conscience ?
L’onde de choc provoquée par le procès de Mazan semble en tout cas avoir ébranlé les politiques. Outre l’hommage appuyé d’Emmanuel Macron, de nombreux responsables de tous bords ont salué le courage de Gisèle Pelicot ces derniers jours, promettant de renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes.
Le gouvernement a notamment promis de généraliser les « pôles spécialisés » dans les tribunaux pour mieux prendre en charge les victimes et d’augmenter les moyens des associations d’aide aux femmes battues. Des mesures qui apparaissent plus que jamais indispensables.
Car comme l’a rappelé Gisèle Pelicot avec force pendant le procès : « Ce qui m’est arrivé peut arriver à n’importe quelle femme« . Son combat est devenu celui de millions de françaises. Et le vibrant hommage d’Emmanuel Macron résonne comme la promesse que son calvaire et son courage n’auront pas été vains.
