En ce lundi de juin, un événement sans précédent se déroule à la frontière franco-espagnole. Des centaines d’agriculteurs des deux côtés des Pyrénées se sont donné rendez-vous pour une mobilisation d’ampleur, bloquant pas moins de sept points de passage entre l’Hexagone et le pays de Cervantes. Une convergence des luttes qui semble annoncer l’émergence d’un nouveau front de résistance à l’échelle européenne.
Quand les « Ultras de l’A64 » font des émules
À l’origine de ce mouvement, on retrouve notamment les désormais célèbres « Ultras de l’A64 ». Ce collectif d’agriculteurs français, fondé par l’éleveur Jérôme Bayle, s’était fait connaître en janvier dernier avec une action d’éclat : le blocage de l’autoroute A64 pour protester contre les difficultés du monde paysan. Une initiative qui semble avoir fait des émules des deux côtés de la frontière.
Dès 10h du matin, les manifestants étaient à pied d’œuvre au niveau du pont del Rey, qui enjambe la Garonne pour relier la France et l’Espagne. Tracteurs et engins agricoles ont rapidement bloqué le passage, tandis que les drapeaux des deux pays flottaient côte à côte. Une image forte, symbole de cette mobilisation transnationale.
« Ici débute la résistance européenne »
Sur place, la détermination est palpable. « Ici débute la résistance européenne », peut-on lire sur une pancarte brandie par un agriculteur espagnol. Un slogan repris en chœur par les manifestants, comme un cri de ralliement. Car au-delà des revendications locales, c’est bien un combat à l’échelle du continent qui semble se dessiner.
Nous sommes tous dans la même galère, que l’on soit français ou espagnol. Les politiques européennes nous étranglent, il est temps de faire front commun.
– Juan, agriculteur espagnol
Une mobilisation appelée à se poursuivre
Si les barrages devaient être levés dans la journée de mardi, les organisateurs assurent que la mobilisation est loin d’être terminée. Des actions similaires pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines, voire s’étendre à d’autres pays européens.
Une perspective qui n’est pas sans inquiéter les autorités, à quelques jours des élections européennes. Car au-delà du symbole, c’est bien un message politique fort que portent ces agriculteurs : celui d’une Europe qui doit changer de cap pour ne pas laisser sur le bord de la route ceux qui la nourrissent.
Reste à savoir si leur voix sera entendue dans les urnes et dans les couloirs de Bruxelles. Une chose est sûre : les « Ultras » de tous bords n’ont pas dit leur dernier mot et comptent bien continuer à faire entendre leur colère. La convergence des luttes ne fait peut-être que commencer.
