Pour la première fois depuis le début de la guerre civile en 2011, une délégation diplomatique américaine de haut niveau a foulé le sol syrien. Leur mission ? Rencontrer les nouveaux dirigeants issus de groupes islamistes radicaux, dans l’espoir d’amorcer un dialogue et d’encourager l’unité du pays, après 13 années d’un conflit sanglant.
Un rebondissement spectaculaire avec la chute d’Assad
La donne a radicalement changé en Syrie le 8 décembre dernier. Bachar al-Assad, au pouvoir depuis 2000, a été renversé par l’opposition et a fui en Russie. Une nouvelle page s’ouvre pour le pays, mais l’avenir reste incertain. Le nouveau régime est dominé par des islamistes radicaux, dont le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), classé comme organisation terroriste par Washington.
Objectif des diplomates : encourager l’unité et la reconstruction
Malgré la méfiance, les émissaires américains souhaitent établir un dialogue avec les nouvelles autorités syriennes. Selon un porte-parole du département d’État, il s’agira de discuter de « leur vision de l’avenir de leur pays et de la manière dont les États-Unis peuvent les soutenir ». Un enjeu majeur sera d’éviter une fragmentation du pays et une résurgence du groupe État islamique.
Les Occidentaux cherchent à nouer des contacts avec le nouveau pouvoir, conscients des risques mais aussi des opportunités pour la paix et la reconstruction
Une source diplomatique occidentale
Une délégation de haut niveau pour marquer le coup
Pour cette mission sensible, Washington a dépêché une équipe de poids :
- Barbara Leaf, responsable du Moyen-Orient au département d’État
- Daniel Rubinstein, diplomate arabophone, nouveau chargé des contacts avec la Syrie
- Roger Carstens, chargé de rechercher les Américains portés disparus comme le journaliste Austin Tice
Leur venue fait suite à celle d’émissaires français, allemands, britanniques et onusiens. Le drapeau français flotte à nouveau sur l’ambassade à Damas, fermée depuis 2012. Un symbole fort.
Après l’euphorie de la chute, les défis de la reconstruction
Si le renversement de Bachar al-Assad a suscité des scènes de liesse en Syrie, l’heure est maintenant à la reconstruction d’un pays dévasté par 13 ans de guerre. Le conflit déclenché par la répression de manifestations pro-démocratie en 2011 a causé un demi-million de morts et jeté sur les routes de l’exil 6 millions de Syriens.
Les Occidentaux observent avec prudence les premiers pas du nouveau pouvoir dominé par les islamistes. L’enjeu est de taille : il s’agit d’éviter un nouveau chaos, propice à la résurgence des groupes jihadistes comme l’État islamique, qui n’a jamais été totalement vaincu en Syrie.
Vers une normalisation des relations avec Damas ?
La visite des diplomates américains pourrait marquer un premier pas vers une normalisation des relations entre l’Occident et le nouveau régime syrien, malgré les profondes divergences. Un chemin semé d’embûches, mais nécessaire pour espérer stabiliser enfin la Syrie, après plus d’une décennie de chaos et de souffrances.
Les prochains mois seront décisifs pour déterminer dans quelle mesure la communauté internationale sera prête à coopérer avec les nouvelles autorités de Damas, et à quel prix. La paix et l’avenir des Syriens en dépendent.