Les couloirs de Matignon bruissent de tractations alors que François Bayrou, fraîchement nommé Premier ministre, s’active pour constituer son gouvernement. Coincé entre les réticences de la gauche et les exigences de la droite, le nouveau locataire de Matignon consulte, négocie et temporise pour tenter de bâtir une équipe solide, capable d’éviter une motion de censure à l’Assemblée nationale.
Une course contre la montre pour constituer un gouvernement
Depuis sa nomination mouvementée le 15 décembre dernier, François Bayrou multiplie les consultations tous azimuts pour dégager une majorité malgré un paysage politique morcelé. Le centriste, qui se heurte à une Assemblée nationale presque irréconciliable, affirme pourtant que « le chemin existe ». Selon une source proche du dossier, le Premier ministre aurait fixé un ultimatum aux partis politiques, leur demandant de clarifier leurs positions sur une éventuelle participation au gouvernement d’ici ce vendredi midi.
Dans une allocution télévisée jeudi soir, François Bayrou a tenté de mettre la pression sur ses interlocuteurs :
Si on ne réussit pas dans cet essai, alors c’est la dernière station avant la falaise.
François Bayrou, Premier ministre
Les Républicains, la clé de la stabilité gouvernementale
Alors que la France insoumise et le Rassemblement national ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne participeraient pas à un gouvernement Bayrou, tous les regards se tournent vers Les Républicains (LR). Le parti de droite apparaît comme l’allié indispensable pour atteindre une majorité stable et éviter un vote de défiance à l’Assemblée. Mais LR tarde à officialiser sa position, jonglant entre la tentation de l’opposition et la possibilité de peser sur les orientations gouvernementales.
D’après des informations concordantes, le Premier ministre aurait multiplié les gestes envers la droite pour tenter de la rallier. François Bayrou se serait ainsi dit favorable au maintien de plusieurs ministres LR actuellement en poste, à l’image de Bruno Retailleau à l’Intérieur. Une manière de rassurer sur la continuité de l’action gouvernementale.
La réforme des retraites, pomme de discorde avec la gauche
Du côté de la gauche, le premier ministre tente une ouverture en se disant prêt à « reprendre sans suspendre » la controversée réforme des retraites. Une main tendue qui n’a pour l’instant pas convaincu les formations de gauche, à commencer par le Nouveau Front populaire de François Ruffin. La perspective d’une nouvelle réforme des retraites cristallise les oppositions et complique la tâche de François Bayrou dans sa quête d’une majorité élargie.
Bayrou promet un gouvernement resserré « avant Noël »
Malgré ce contexte politique tendu, le chef du gouvernement se veut volontariste et optimiste. Lors d’une réunion à Matignon jeudi, il a promis aux dirigeants des partis un gouvernement « avant Noël », espérant même finaliser son casting « dans le week-end ». Une manière de mettre la pression sur ses interlocuteurs politiques tout en rassurant les Français sur la capacité à agir rapidement.
Selon nos informations, François Bayrou devrait miser sur une équipe gouvernementale réduite, d’une vingtaine de ministres, loin des 45 membres du dernier gouvernement d’Elisabeth Borne. Une stratégie pour gagner en efficacité et en lisibilité, quitte à froisser certains partis.
Une opinion publique dubitative
Dans ce bras de fer politique, l’opinion publique semble pour l’instant réservée quant à la capacité du nouveau gouvernement à répondre aux attentes des Français. Selon un sondage Odoxa publié ce vendredi, près de deux tiers des personnes interrogées (65%) ne font pas confiance à François Bayrou pour constituer une équipe en phase avec leurs préoccupations.
Pour tenter de convaincre, le Premier ministre devra présenter rapidement une feuille de route claire et des premiers résultats concrets. Faute de quoi, il s’expose à une érosion précoce de sa popularité et à une contestation permanente de son action.
