2,7%. C’est le taux d’inflation annuel qu’a enregistré le Japon en novembre, selon les derniers chiffres dévoilés par le gouvernement. Un rebond inattendu après deux mois consécutifs de ralentissement, qui témoigne de la persistance des pressions inflationnistes dans l’archipel.
Le coût de l’énergie s’envole
La suspension des subventions gouvernementales pour l’énergie explique en grande partie cette nouvelle poussée inflationniste. Conséquence directe, les prix de l’électricité ont bondi de près de 10% sur un an, tandis que ceux du gaz ont pris plus de 6%.
Les ménages japonais n’ont pas été épargnés non plus dans leur assiette. Selon une source proche du dossier, les prix des céréales, notamment ceux du riz, ont flambé de 64%, atteignant des niveaux jamais vus depuis un demi-siècle.
L’inflation sous-jacente également en hausse
Hors éléments volatils comme l’énergie et l’alimentation, l’inflation sous-jacente a elle aussi légèrement progressé, passant de 2,3% à 2,4% en novembre. Un signe inquiétant pour de nombreux économistes qui craignent un ancrage durable de la hausse des prix.
Le mécontentement gronde parmi la population face à cette inflation qui grignote le pouvoir d’achat. Le nouveau Premier ministre Shigeru Ishiba a tenté d’éteindre l’incendie fin octobre en annonçant un vaste plan de relance de 136 milliards d’euros. Objectif affiché : soulager les ménages via des chèques et des réductions d’impôts. Mais visiblement, les effets se font attendre.
La Bank of Japan sous pression
De son côté, la Bank of Japan (BoJ) se retrouve dans une position délicate. Après des années à naviguer en eaux déflationnistes, la banque centrale a amorcé en mars un resserrement monétaire avec deux hausses de taux. Mais face aux incertitudes économiques, elle a choisi jeudi de maintenir le statu quo.
La BoJ devrait conforter sa capacité à reprendre ses hausses de taux au cours des prochains mois.
Toh Au Yu, expert de Capital Economics
Son gouverneur Kazuo Ueda l’a indiqué : la BoJ scrutera attentivement le contexte international et les futures négociations salariales au Japon avant de bouger ses pions. Bon nombre d’analystes misent sur un nouveau tour de vis monétaire dès janvier.
Un casse-tête pour les autorités
Les décideurs politiques et monétaires japonais marchent donc sur des œufs. Il leur faut à la fois contenir une inflation tenace qui plombe la consommation, et soutenir une économie fragile qui a du mal à retrouver son niveau d’avant-Covid.
- Proposer des mesures ciblées pour les ménages et entreprises les plus touchés
- Encourager les négociations salariales pour revaloriser les revenus
- Miser sur les énergies vertes pour réduire la dépendance et la facture énergétique
Autant de pistes sur lesquelles planchent les autorités pour tenter de redresser la barre dans un contexte international troublé. La partie est loin d’être gagnée, mais le Japon espère petit à petit sortir la tête de l’eau et retrouver le chemin d’une croissance plus stable et inclusive.