Après des années de négociations laborieuses, la Suisse et l’Union européenne semblent enfin sur le point de conclure un accord de rapprochement tant attendu. Le gouvernement helvétique devrait donner son feu vert ce vendredi à une série d’accords bilatéraux destinés à renforcer la coopération entre les deux partenaires économiques. Mais ce n’est là que la première étape d’un long parcours semé d’embûches vers une éventuelle adoption par le petit pays alpin.
Des centaines de réunions pour arriver à un accord
Il aura fallu pas moins de centaines de réunions entre diplomates de Bruxelles et de Berne pour parvenir à s’entendre sur ce paquet d’accords bilatéraux. L’objectif ? Actualiser et compléter les plus de 120 textes qui régissent actuellement les relations entre la Suisse et son principal partenaire commercial. Une approche sectorielle a été adoptée, visant des domaines clés comme l’électricité, la santé et la sécurité alimentaire.
Malgré ces avancées, plusieurs points d’achoppement demeurent. Selon des sources diplomatiques citées par les médias suisses, toutes les questions seraient réglées à l’exception du montant de la contribution helvétique au Fonds de cohésion européen, destiné à aider certains pays à rattraper leur retard de développement. Un équilibre « très délicat » aurait été atteint, qui devra être apprécié comme tel par toutes les parties, a souligné une source à Bruxelles.
Une opposition syndicale et politique
Mais avant même d’être finalisé, l’accord suscite déjà des remous en Suisse. La plus grande organisation syndicale du pays, l’Union syndicale suisse (USS), réclame des négociations supplémentaires, craignant une détérioration de la qualité des salaires. Les discussions sur le rail et l’électricité inquiètent aussi les syndicats.
Quant à la fédération des entreprises, bien que globalement favorable en raison des enjeux économiques, elle insiste pour que la Suisse conserve la possibilité de gérer elle-même l’immigration si celle-ci « dépasse les limites tolérables ». Une clause de sauvegarde que le gouvernement tente d’obtenir, mais que Bruxelles rejette, rappelant que les quatre libertés fondamentales européennes ne sont pas « à la carte ».
Surtout, l’accord se heurte à l’opposition farouche de la droite nationaliste, emmenée par l’Union démocratique du centre (UDC), premier parti du pays. Elle dénonce un « accord de soumission » et a lancé une intense campagne contre le texte.
C’est grotesque : si nous ne reprenons pas une réglementation européenne, l’UE nous considère comme avantagés et nous autoriserions officiellement l’UE à nous punir.
Magdalena Martullo-Blocher, députée UDC et entrepreneuse
Le peuple suisse aura le dernier mot
Face à ces résistances, le gouvernement aurait décidé de découper le paquet d’accords en quatre « tranches », qui seront soumises séparément à référendum populaire. Car en Suisse, c’est le peuple qui aura le dernier mot sur cet accord crucial pour l’avenir du pays. Et l’issue du vote est plus qu’incertaine.
L’accord Suisse-UE constitue indéniablement une avancée dans les relations entre les deux partenaires après des années de blocage. Mais le chemin vers sa ratification s’annonce long et périlleux. Entre enjeux économiques, questions de souveraineté et crispations politiques, les obstacles sont nombreux. La Suisse jouera une fois de plus sa réputation de démocratie directe, où les citoyens ont leur mot à dire sur les décisions qui engagent l’avenir de leur pays.
Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir des relations entre la Suisse et l’Union européenne. Le succès ou l’échec de cet accord de rapprochement aura des répercussions majeures, bien au-delà des frontières helvétiques. L’Europe entière suivra avec attention ce nouveau chapitre des relations tumultueuses entre Berne et Bruxelles.